Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog de Bernard Giusti

Articles littéraires (romans, nouvelles, poésies, essais, sciences humaines) ) politiques et syndicaux

critiques

""Lu Sur les Murs C’est d’une justesse absolue" par Valère Staraselski

Publié le 8 Mai 2025 par Bernard Giusti dans Poésie, Critiques, bernardgiusti

""Lu Sur les Murs  C’est d’une justesse absolue" par Valère Staraselski

Lu Sur les Murs, C’est un cadeau magnifique à votre amour qui est un cadeau fait au lecteur, à tous puisque ça dit à  la fois l’universel et l’intime en même temps que le commun de l'existence. De la grande poésie, j’allais dire réaliste car on vit la grande réalité rendue immédiate, palpable, intelligible. Je ne peux pas, je crois, mieux dire. Mes mots sont trop faibles en regard de mon ressenti. C’est d’une justesse absolue.

 Valère S.taraselski

commentaires

"Quand le mot fin subitement apparaît", par Jean-Michel Platier ("Sur les murs", de B. Giusti)

Publié le 1 Mai 2025 par Bernard Giusti dans Critiques, Poésie, bernardgiusti

"Quand le mot fin subitement apparaît", par Jean-Michel Platier ("Sur les murs", de B. Giusti)

Et l’amour étranglé/dans les bras du silence

Comment supporter la finitude d’un être, d’un proche, d’un ami, d’un parent, d’un être aimé ? C’est la question. Que se pose et qu’a dû se poser chaque être vivant depuis la création… mammifères, animaux, premiers êtres humains. Existe-t-il une échelle dans la douleur de la séparation définitive d’avec un être aimé ?

Au-delà de la question d’ordre philosophique, c’est un questionnement sourd, permanent, obsédant qu’est la perte, notamment celle de son double aimé… La douleur de l’amour perdu, surtout lorsque la mort l’emporte, emporte-telle tout ? Que reste-t-il après ? Que pèse le néant pour ceux qui restent ?

J’avais écrit il y a très longtemps ce seul poème dont je me souvienne constamment :

Quête du néant

Au néant d’ailleurs

Ecrire

C’est se suicider avec parcimonie.

Il y a un avant et un après ; à toute chose vivante. La mort n’est pas étrangère à ce cycle infernal. Seul l’art je le crois dépasse ce cadre du vivant dans ses limites biologiques ; l’œuvre naît, vit et ne meurt jamais. Faust se trouve ainsi au cœur de ce chemin étrange. On se consacre à l’œuvre artistique mais on peut aussi s’y perdre ; les gens, les amis, la famille, le temps. Pour quelle échéance, avec quelles certitudes ?

Mais seuls les écrits restent, dit-on…

C’est la raison pour laquelle j’ai écrit Un poème pour la nuit, recueil dédié à ma mère décédée, seul hommage que j’ai su lui rendre, de fils à mère.

Bernard Giusti interroge, avec la mort soudaine advenue, l’absence ; l’absence de l’absente.

Qu’est la mort pour ceux qui restent ? Un terrible et très fin espace de vie où se termine la vie. Un terrible aveu d’impuissance. Une vie. Un cœur qui bat, des yeux qui voient, un souffle qui soulève la poitrine. Un sang qui vibre sous la peau ; une vie parmi tant d’autres, fondamentale pour ceux qui restent, insignifiante pour l’humanité dans son entier. La Terre ne s’arrêtera pas de tourner mais la mort aura marqué un point. Mis à part les proches, les autres habilités au rite ne verront qu’un objet qu’est devenu ce corps désincarné.

A force de l’habitude de la monotonie, de la vie quotidienne, on ne voit plus ou mal les êtres qui sont autour de nous, qui sont souvent nos piliers, notre fondation ; on ne les écoute pas plus et on ne peut pas tout, compte tenu des impératifs de la vie, professionnelle, sociale et j’en passe. Et puis quand le mot fin subitement apparaît, l’espace du vide nous arrête ; que peut-on devenir face à l’absence ? C’est ce mur soudain que l’on se prend qui nous surprend dans notre finitude.

Ce que l’on n’a pas fait, pas dit… ; faute de courage, de volonté, ou d’éducation ; c’est selon. Qu’est-ce qui nous reste alors ? Le silence, les regrets ou les remords ? Le temps qui nous reste à vivre à expier… ?

L’auteur nous parle de la réalité de la séparation entre deux amants aimants, aimés. Il ne reste que l’amour pour dire ces mots extrêmes ; même si la mort l’emporte, le poème relie les vivants et les morts dans cette symphonie extraordinaire du vivant ; le poème relie. C’est la seule forme et la seule force qui rejoint. Même si tout ne tient qu’à un fil…

Il me faudra désormais attendre mes fantômes et survivre à la nuit.

Survivre c’est vivre. La parole des vivants n’est qu’une faible consolation. J’envie les croyants qui croient en une vie après la mort. J’espère de tout cœur qu’ils ont raison.

Etranger à moi-même,

Je peux enfin t’aimer.

Car les morts sont en nous. Pour toujours ; ils vivront encore tant qu’ils ne seront pas oubliés après nous ; car telle est bien la destinée humaine ; nous vivons nos vies et une fois terminée nous revivons jusqu’à ce que l’on soit définitivement oublié ; en laissant la place aux autres humains. Construite de nous, de nos gènes, de nos œuvres d’art, la vie à venir est celle que nous avons laissé pour que la beauté se propage au travers des décennies et des siècles.

Ecoute ce chant d’amour

Désormais sans écho…

Rien n’est plus terrible qu’une parole perdue qui ne peut rebondir faute d’être écoutée, entendue ; rien n’est pire que le vide en soi. Si la poésie ne peut que résister à la mort, elle édifie un temple de souvenirs, luttant contre le temps inexorable qui passe et qui efface, mais qui rend vivant chaque mot, chacune des impressions et des émotions des vers du poète qui remplissent de songes vivaces la poésie des traces contre la mort.

Elle n’aura décidément jamais le dernier mot !

 

Jean-Michel Platier

 

Sur les murs de Bernard Giusti, éditions L’Homme Bleu, 52 p., 2025, 10 €

commentaires

J'ai lu SUR LES MURS de Bernard Giusti, par Janine Delorme

Publié le 28 Avril 2025 par Bernard Giusti dans Poésie, bernardgiusti, Critiques

 J'ai lu SUR LES MURS  de Bernard Giusti, par Janine Delorme
 J'ai lu SUR LES MURS  de Bernard Giusti
Edition L'Homme Bleu

 

« D'une infinie tendresse,
  d'une infinie caresse »

 

est cet ouvrage, hommage de Bernard Giusti à sa compagne disparue brutalement et prématurément.

Mais aussi d'une infinie poésie et d'une infinie beauté.

Cinquante pages dans lesquelles récits, poèmes, tableaux sont judicieusement entremêlés, les uns faisant écho mais aussi résonance avec les autres. L'esthétique de la mise en pages, magnifique, participe de cet échange quasi musical. Un trio pour poèmes, récits, et œuvres picturales.

Un trio écrit en mode mineur, comme la partition de  la mort de Didon   dans le ''Didon et Enée'' de Purcell.

 

«D'une infinie tendresse,
d'une infinie caresse »

Mais aussi d'une infinie tristesse.

  « Remember me » chante Didon.

Non Bernard n'oubliera pas Pascale. Les mots les œuvres sont immortels. Et SUR LES MURS continuera sa route, dans d'autres mains, pour d'autres yeux car ce livre est un bijou rare. Une œuvre d'art.

 

« D'une infinie tendresse,
d'une infinie caresse »

Mais aussi quel amour infini,

quelle infinie détresse

transpirent de cet hommage.
 
«... si tu t'en vas la vie est ma peine éternelle ;
 

Si tu meurs les oiseaux se tairont pour toujours

Si tu es froide aucun soleil ne brûlera

Au matin la joie de l'aurore

Ne lavera plus mes yeux.. »

(in La chanson de Tessa. Texte Jean Giraudoux.

Musique Maurice Jaubert)

 

Et après le plaisir et l'émotion de cette lecture, chacun d'entre nous ne pourra qu'envier être l'objet d'un tel amour.

 

Janine Delorme

 

commentaires

Jean Claude Ameisen, "Sur les épaules de Darwin"

Publié le 6 Avril 2025 par Bernard Giusti dans Critiques, Philosophie, bernardgiusti, Ma bibliothèque

Jean Claude Ameisen, "Sur les épaules de Darwin"

S’appuyant sur les disciplines des sciences et des sciences humaines Jean Claude Ameisen (*) nous propose une réflexion philosophique portant sur la mise question de nos connaissances à travers les nombreux aspects pris par l’évolution. Evolution des espèces, bien sûr, mais aussi évolution de l’univers, des sociétés, évolution physiologique au sein d’une même espèce (notre cerveau par exemple), etc. Une longue promenade érudite dont le principe est suivre l’évolution dans toutes ses formes.

Cet ouvrage est une mine de citations qui ont essentiellement pour objet de nous rappeler d’où nous venons pour mieux comprendre ce que nous sommes. La méthode est louable et ambitieuse puisqu’il s’agit d’étayer le discours par une approche multidisciplinaire : « Monter sur les épaules des savants, des penseurs et des poètes. Sur les épaules des géants. Pour voir plus loin. Et redécouvrir, ensemble, notre commune humanité. »

Ce qui peut arriver quand des scientifiques s’égarent dans la philosophie

Mais, tout à un parti pris « d’approche scientifique », Jean Claude Ameisen oublie, volontairement ou non, de monter sur certaines épaules, dont celles de la psychanalyse. Ainsi tout ce qui se rapporte à l’activité psychique est-il finalement ramené à des mécanismes neurobiologiques, des connexions neuronales et autres phénomènes physico-chimiques. Or, la question à l’origine de l’invention de la psychanalyse était précisément de résoudre une énigme : comment passe-t-on du somatique, des cellules et des molécules, à la pensée et au psychique ? Question à laquelle à ce jour personne n’a répondu, ni les neurobiologistes ni les psychanalystes.

Prendre le parti pris d’une approche purement somatique de ce problème sous prétexte de scientificité c’est du même coup manquer singulièrement d’objectivité. Grave erreur pour un scientifique ! Ainsi Jean Claude Ameisen évite-t-il soigneusement par exemple de prendre en compte l’inconscient (concept pourtant largement admis aujourd’hui) dans les activités cérébrales, ce qui l’amène à avancer l’existence d’une « énergie noire » à l’œuvre dans le cerveau. Energie noire en référence évidemment à la « matière noire » des astrophysiciens : dans les deux cas c’est une façon de dire qu’on ne sait pas ce que c’est. Le tour de passe-passe consiste à traiter l’énergie noire comme un élément objectif alors qu’en l’occurrence il ne s’agit ici que d’un terme visant à éviter soigneusement de parler d’inconscient.(1)

 

En fin de compte, si le discours est fluide et bien construit, cet ouvrage de vulgarisation mène souvent Jean Claude Ameisen à enfoncer des portes ouvertes et à éluder ce qui ne rentre pas dans le strict cadre de ses apriori scientifiques.

Comme d’autres avant lui, Konrad Lorentz ou Henri Laborit par exemple, Jean Claude Ameisen aurait eu tout intérêt à se cantonner à son domaine…

 

Bernard Giusti

(1) : Personnellement, je trouve toujours amusant d'assister à la contorsion intellectuelles de la plupart des neuro-quelquechose pour surtout ne pas parler d’inconscient !

Jean Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin, Actes Sud, 2014, 440 pages

(*)Jean Claude Ameisen, médecin, immunologiste et chercheur français en biologie. Il est directeur du Centre d'études du vivant de l'Institut des humanités de Paris de l'université Paris-Diderot et a été président du Comité consultatif national d'éthique (2012-2016). Il publie plusieurs ouvrages de vulgarisation et anime l'émission de radio de France Inter intitulée ‘Sur les épaules de Darwin’.

 

commentaires

Sur les murs - "Douceur, mélancolie et révolte" par Brigitte Guilhot

Publié le 29 Mars 2025 par Bernard Giusti dans Poésie, Critiques, bernardgiusti

Sur les murs - "Douceur, mélancolie et révolte" par Brigitte Guilhot

[...] J'ai bu un café avec Bernard Giusti alias l'Ours Blanc, mon éditeur de Soluble. Occasion pour moi d'acquérir [...] Sur les murs, dédié à sa compagne disparue, Pascale Cherrier, qui était tellement belle, sympa et passionnée. J'ai commencé à le feuilleter et suis déjà parcourue de frissons et d'émotions. Sans parler des œuvres d'artistes qui résonnent en écho. [...] 

Je suis dans le train qui approche de ma destination, et je viens de terminer Sur les murs, le recueil de Bernard Giusti à Pascale, son grand amour disparu. Je n'aime rien tant que l'écriture intime quand elle rejoint l'universel, et il y a dans ces lignes une douceur, une mélancolie, une révolte, et une présence-absente si étrangement incarnée, que je ne sais pas bien -de celui qui écrit , de celle à qui les mots s'adressent, et de moi qui les lis - qui console qui. Car c'est un livre qui console. Encore une fois, par-delà le choc et la sidération, la colère et la solitude, les mots coulent comme les eaux de la Moldau, apaisants puis impétueux, puis à nouveau calmes, comme pour caresser une peau blessée, redonner le goût du rire a des enfants secoués de larmes. Au-delà de la douleur et de l'immense silence, tout dans ces pages est fait pour que ce soit beau et bon pour l'Absente qui les inspire. De l'infinie tendresse poétique des mots, aux œuvres des quinze artistes-amis qui les accompagnent en étreinte chaude, on y avance doucement, en retenant sa respiration, pour ne rien brusquer, ne rien abîmer, ne pas déranger les amants, pour laisser les papillons qu'elle aimait poursuivre leurs voltiges pleines de grâce, et aux arbres qu'il a planté pour elle la chance de croître dans leur jardin aujourd'hui retourné à la friche originelle. "Trois genêts pour la pureté de notre amour et trois sauges pour purifier nos regards et apaiser nos pensées." Je ne sais pas si les petits riens qui nous font parfois aimer la vie sont là pour nous permettre d'oublier les élans qui nous brisent le cœur, mais je crois intimement que cette œuvre donne sens à l'éphémère passage d'une Humaine unique et à la folle puissance de l'amour, ce qui est un cadeau ineffable. "Et je te vois encore avancer dans la lumière d'été, sereine dans ta robe légère, suivie par tes chats..." Poussière d'étoile... Pascale, peut-être, glissera une plume ?»

Brigitte Guilhot

Sur les murs de Bernard Giusti, éd. L'Homme Bleu

commentaires

Sur les murs - "Par-delà la souffrance et le silence" par Alain Toulmond

Publié le 29 Mars 2025 par Bernard Giusti dans Poésie, bernardgiusti, Critiques

Sur les murs - "Par-delà la souffrance et le silence" par Alain Toulmond

Il y a dans ces mots une douleur et un chant coloré, une révolte et un désespérant espoir, dans ces lignes surtout une présence.  C’est un texte qui submerge, la vague du souvenir, l’insaisissable avant vous emporte et accompagne à la rencontre de Pascale. Une envoutante, insistante mélopée qui inexorablement invite à la rencontre avec elle. L’être qu’elle est encore et toujours ! Par-delà la souffrance et le silence.

C’est à un voyage en mémoire d’absence que nous invite Bernard. Il délivre le silence… Le cri de n’être plus auprès, de ne pouvoir être encore, plus qu’à côté mais avec. Poésie de tendresse. Fraternité d’émotions. Chaleur de la camaraderie… Sobre intimité qui dit et accompagne une découverte, une âme dont on se prend à rêver… Être l’ami !   

L’insoutenable est difficilement partageable, la perte comme l’amour est hermétique à qui ne le vit pas… C’est là entre les lignes, au détour d’une onirique iconographie que Pascale surgit, vibrante, aimante, voltigeant et embrassant la réalité, entre sauges et genets afin de peupler l’histoire qui accompagne ceux qui se reconnaissent…  

Le temps fuit, l’image, l’âme et le sang que l’on aimait à entendre battre au rythme d’un accord se sont éloignés, mais une évanescente lueur, éphémère folie de ce qui fut, continue de tracer un sillon…

Alain Toulmond

Sur les murs de Bernard Giusti, éd. L'Homme Bleu

 

 

 

commentaires

"Sur les murs",un article du poète Francis Vladimir

Publié le 25 Mars 2025 par Bernard Giusti dans Critiques, Poésie

"Sur les murs",un  article du poète Francis Vladimir

Un texte rare et beau, le miroir de l’absence pour celle qui est partie vers cet ailleurs dont nous retenons le nom sur les lèvres, dans un murmure effleuré. Voilà qui, en d’autre temps se serait nommé tombeau, cette tentative poétique de dessiner la disparue. Celle-ci, je l’ai connue, Pascale Cherrier qui, douze années durant, fut la compagne de l’ami Bernardo, comme je le nomme affectueusement parce que la vie concède la joie de rencontres qui tiennent tête au temps qui passe. Les éditions de l’homme bleu ont vocation de proposer des textes qui relèvent de l’art, souvent pictural, et cette édition consacrée au souvenir de Pascale Cherrier s’inscrit dans ce choix. L’auteur a fait appel à quinze artistes-peintres-plasticiens qui illuminent de leur participation amicale, affectueuse, chaleureuse les pages de ce livre dont on n’ose dire qu’il est un hommage à l’absente. Dire avant toute chose que la première de couverture tirée d’une peinture en tonalité gris-bleu d’Annie-Roxane Maurer, dont le souvenir partagé par beaucoup encore reste inaltérable de présence artistique et humaine, restitue ce que fut Pascale, une lectrice attentive , une passionnée de la vie.

Le texte de Bernard Giusti est une adresse subtile et retenue, une lettre ouverte, à celle qui fut son amour, sa compagne, son alliée, celle qui est arrivée à un moment où chacun pourrait penser que la vie a définitivement passé, coulé sans qu’on ait réussi à en convoquer les rares instances du bonheur. Il pourrait paraître inutile de signifier son amour autrement que par les gestes du quotidien par lesquels on maintient l’approche constante de l’autre à soi, pour le sentir, le garder contre son cœur, le respirer, le caresser avidement, l’aimer toujours. Cette déclaration que d’aucuns s’essayent à offrir à l’autre en dépit justement du petit quotidien répétitif qui pourrait nous en éloigner, voilà qu’il faut en retrouver le chemin, l’énergie première sans laquelle on perdrait les couleurs de la vie. En cela, le texte de Bernard Giusti, le très beau texte de Bernardo, édifie un temps de mémoire précis, celui où la séparation s’est faite, brutale, violente, définitive, sous ses yeux dans l’affaissement de sa bien-aimée chez elle, en présence de son médecin, impuissant à la faire revenir. De cet événement que d’autres aurait rejeté, enfoui, l’auteur en fait le réceptacle d’une douleur qui, pour aussi vive qu’elle fut et reste, a été son chemin de croix mais aussi, paradoxalement, le bâton sur lequel s’appuyer pour rester debout, cheminer jusqu’au bout.

La vie est cruellement impassible à nos peines. Elle ne s’accorde que peu à nos désirs et nos espérances les plus humaines, ceux de nous restituer nos aimés.

À lire les pages de ce livre, Sur les murs, qui évoquent la force et les traces d’un amour en allé, les empreintes que les photographies punaisées entretiennent dans la mémoire de celui qui s’essaye à garder le battement de son amour fou, on se sent, à son tour, profondément concerné, pris à partie comme si la belle figure de Pascale Cherrier, du lieu où elle se tient à présent, en surplomb, nous invitait à plus d’attention à l’autre, à plus de tendresse, à plus d’amour. Pages lumineuses d’un amour réitéré dans les mots, en allégeance volontaire et nécessaire à la femme-Messie d’amour, paradoxale accalmie poétique qui n’exclut pas, en certains passages, la révolte et l’injustice face à l’abandon définitif, une traversée de la douleur. Des pages qui s’affairent autour de Pascale Cherrier qui, plus que le souvenir d’elle, tressent et filent une présence et pour ceux qui la connurent, nous redonnent son port de tête, son regard empli de clarté et de bienveillance, son front de bonté naturelle, son être chaleureux et bienfaisant, font entendre la chaleur de sa voix, son accent et son débit reconnaissables. De cela, sans aucun doute, la déclaration d’amour de Bernard Giusti est porteuse, de cet infini qu’on garde à l’autre, cette sensation d’être dans l’ombre de celle qui fut sa lumière et qui se fait alors éternelle présence. De la douceur lacérée que les poèmes, d’une simplicité poignante, lèvent comme un levain d’amour, on se laisse envahir comme si, l’amour demandait à infuser en nous en dépit de la cruauté de l’absence, comme si, finalement, les parcelles d’éternité de l’amour véritable, faisaient la nique à la dévoreuse, à la mort. « Tandis que dans mes rêves/ Ton ombre flotte et danse/ Chaque jour est un naufrage/ Une dérive incessante/ Sans but et sans escale/ A l’horizon des songes/ Ma vie à rapiécer/ Avec tous les voyages/ Que nous n’avons pas faits… » Enfin comment ne pas saluer dans le récit des événements la justesse du ton, le regard posé, par l’auteur Bernard Giusti, sur l’aimée, la délicatesse avec laquelle l’évocation coule comme une source claire, une eau d’amour renouvelé, un philtre apaisant que la poésie, la littérature, l’art tendent à des lèvres muettes, insufflent à des corps fracassés, redonnent à des âmes perdues. Un livre écrin qui dit la beauté de Pascale Cherrier.

Francis Vladimir – 11 mars 2025 -

Sur les murs de Bernard GIUSTI – éditions de l’homme bleu – 2025 – 50 pp – 10€  + 5 euros de FP

 

Article relayé sur le site La Faute à Diderot

commentaires

"Miroir de nos peines" de Pierre Lemaître

Publié le 16 Mars 2025 par Bernard Giusti dans Romans et littérature générale, Ma bibliothèque, Critiques, bernardgiusti

"Miroir de nos peines" de Pierre Lemaître

Les romans de Pierre Lemaître reposent sur une base simple et efficace : l’intrication de la petite histoire et de la grande Histoire.

Au fil de ses livres, Pierre Lemaître s’est fait spécialiste de grandes fresques historiques « à visage humain » et ce roman, qui débute dans la période de la « Drôle de guerre », ne déroge pas à la règle. Avec un indéniable talent de narrateur, l’auteur dresse les portraits de personnages attachants pris dans les convulsions de l’Histoire et dans les péripéties de leur existence. On retrouve certains de ces personnages dans plusieurs romans, ce qui renforce pour le lecteur le sentiment de la continuité historique. Par exemple, cet homme qui doit porter un masque pour dissimuler la moitié de son visage arrachée durant la Grande Guerre, « gueule cassée » qui apparaît déjà dans le très bon roman « Haut revoir là-haut ».

Dans ses romans très bien documentés, Pierre Lemaître entremêle avec talent le cours des existences de chacun, ce qui produit un récit prenant qui tient en haleine le lecteur.

Bernard Giusti

 

Miroir de nos peines, Pierre Lemaître, Albin Michel, 2020,  Livre de Poche, 574 pp.

 

commentaires

Anne-Marie Weyers, peintre, poétesse et plasticienne

Publié le 4 Mars 2025 par Bernard Giusti dans Poésie, Critiques, Ma bibliothèque, bernardgiusti

Anne-Marie Weyers, peintre, poétesse et plasticienne

Dans ce petit fascicule, très agréable à lire, Anne-Marie Weyers nous livre une poésie à la fois légère et profonde, semblable aux deux dessins de l’auteure qui l’illustrent.

Légère dans l’écriture, profonde en ce qu’elle renvoie sans cesse à la dimension intime des petits riens de l’existence. Les textes et poèmes prennent parfois des airs de comptine, pour mieux faire danser sans doute les couleurs et les sentiments.

Une artiste peintre, poétesse et plasticienne, à découvrir absolument!

Bernard Giusti

Les Chants de Jane n°23 – Anne-Marie Weyers, publié par l’association Le Grenier de Jane Tony, Bruxelles, 2019, 24pp., 5 euros

©Anne-Marie Weyers

©Anne-Marie Weyers

Anne-Marie Weyers, peintre, poétesse et plasticienne
Anne-Marie Weyers, peintre, poétesse et plasticienne
Anne-Marie Weyers, peintre, poétesse et plasticienne
commentaires

"Aventures d’un jeune homme" de John Dos Passos

Publié le 9 Février 2025 par Bernard Giusti dans Critiques, Romans et littérature générale, bernardgiusti, Ma bibliothèque

"Aventures d’un jeune homme" de John Dos Passos

A  lire ou à relire, le très beau roman de John Dos Passos, « Aventures d’un jeune homme »

Le roman commence dans l’Amérique au sortir de la Grande Guerre. Le personnage principal, Glenn Spotswood, est un jeune Américain idéaliste et progressiste issu de la société traditionnelle de l’époque.

A travers la vie de Glenn Spotswood, ses expériences amoureuses et politiques, ses tribulations, ses engagements et ses désillusions, John Dos Passos dresse en fait le tableau de toute une génération qui va vivre la profonde mutation d’une Amérique victorieuse, qui s’éloigne des idéaux qui l’ont fondée pour se diriger vers ce que l’on connaît aujourd’hui, un pays impérialiste qui s’impose partout par la force.

Une fresque historique dressées par un écrivain de grand talent.

 

A la relecture, je me suis arrêté sur la présentation liminaire du roman (voir ci-après).

On y lit clairement l’image que les Américains de l’époque (et pour beaucoup encore aujourd’hui) se font de leur histoire, sorte de mythe fondateur entretenu dans la mémoire officielle : un peuple de défricheurs durs à la tâche, empreints d’idéologie humaniste et religieuse chrétienne, ces « valeurs oubliées » selon John Dos Passos.

En réalité, comme la plupart des romanciers américains, John Dos Passos y fait l’impasse sur le génocide amérindien et l’esclavage, qui furent des piliers essentiels de la fondation de ce pays. La Bible et le fusil, certes, mais une Bible qui s’est fort bien accommodée de l’extermination des uns et de l’asservissement des autres.

 

Pour ma part, je n’en tiendrai pas rigueur à l’auteur tant ce roman foisonnant est superbement écrit, et sans ce texte liminaire qui tord le cou à une histoire qui n’est pas celle du roman, ma remarque n’aurait pas eu lieu d’être.

 

Bernard Giusti

Aventures d'un jeune homme, John dos Passos, Gallimard, 1957, 350 pp.

 

"Aventures d’un jeune homme" de John Dos Passos
"Aventures d’un jeune homme" de John Dos Passos
commentaires
1 2 3 4 > >>