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  le blog de Bernard Giusti

Articles littéraires (romans, nouvelles, poésies, essais, sciences humaines) ) politiques et syndicaux

anthropologie

La Grèce pour penser l'avenir

Publié le 27 Décembre 2023 par Bernard Giusti dans Anthropologie, Critiques, bernardgiusti, sciences humaines, Ma bibliothèque

La Grèce pour penser l'avenir

Les sociétés occidentales se sont appuyées sur l’héritage de l’Antiquité, et particulièrement sur celui de la Grèce, pour s’affirmer et revendiquer leur « modernité » dans tous les domaines, et notamment dans celui de la logique à l’œuvre dans la démarche scientifique. Or « La raison grecque est active dans une science qui se donne comme but la recherche de la Vérité et reste à peu près indifférente à la notion de « science appliquée »(1). Pour les Grecs de l’Antiquité, transformer la nature sacralisée relève de l’impiété, voire du sacrilège. On voit d’emblée l’opposition avec la science moderne qui elle cherche les lois de la nature afin de développer les techniques qui permettent de la transformer. On passe d’une société qui s’adapte à la nature à des sociétés qui adaptent la nature.

Dès lors, « Il s’agit […] d’ouvrir l’enquête sur une question qui se profile actuellement sur l’horizon de le recherche en sciences humaines : au nom de quelles règles les sorts de la nature et de la société s’avèrent solidaires, par le positif dans l’Antiquité, par le négatif à l’heure actuelle ? »(2) 

L’objet de cette étude est «… en s’appuyant sur la Grèce, de penser le présent et par conséquent à travers le présent d’entrevoir aussi les différents modèles qui peuvent constituer un avenir possible. »(3) La démarche de l’anthropologue vise les différences en même temps que le fond commun [entre les sociétés], mais sans oublier «l’univers historique daté dans le temps ». Il n’y a donc « pas d’anthropologie historique possible de  quelque civilisation que ce soit, si cette anthropologie historique n’est pas comparative. »(4)

Polythéisme, politique, place de l’homme dans le cosmos, de l’individu, des savoirs (techné et épistémé), concepts de progrès et de pouvoir, tels seront quelques-uns des principaux champs de recherche et de comparaison entre la Grèce  ancienne et nos sociétés modernes(5).

Comment est-on passé du polythéisme antique au monothéisme actuel ? Quelle est la dynamique de cette transition et sur quoi s’est-elle appuyée ? L’étude qu’y consacre Marc Augé explore plusieurs pistes. Notamment que dans le polythéisme fiction et croyance sont sans cesse à l’œuvre sans jamais être séparées. « Le mouvement par lequel nous voyons, dans le monde grec, le mythe devenir récit, épopée, tragédie, ce mouvement d’émancipation de la création littéraire qui se développe parallèlement à celui de la pensée philosophique, n’est-il pas aujourd’hui de s’inverser […] ? » (6) En s’emparant du sacré, la fiction littéraire a tendu peu à peu à s’y substituer, de sorte que l’on se dirige vers un « polythéisme sans dieu », un totalitarisme sans autre pluralité que le chatoiement de surface du patchwork moderne. »(7) Face notamment aux défis actuels des intégrismes, la Grèce ancienne affirmait « une liberté d’esprit incomparable et cependant pétrie de religiosité… »

Huit anthropologues de renom ont participé à cet ouvrage, certes déjà ancien mais toujours d’actualité : Marc Augé, Cornélius Castoriadis, Maria Daraki, Philippe Descola, Claude Mossé, André Motte, Gilbert Romeyer-Dherbey, Marie-Henriette Quet. Grâce à leurs contributions, ils démontrent avec brio que la méthodologie anthropologique peut susciter sans cesse un nouveau regard sur des concepts que l’on croyait bien acquis (comme par exemple en éclairant le polythéisme grec par le polythéisme africain, et réciproquement) et contribuer ainsi à l’évolution permanente des connaissances.

Comprendre le passé pour mieux comprendre le présent et éclairer un tant soit peu l'avenir, une démarche classique mais essentielle de philosophie politique, et comme la politique la compréhension du passé s'inscrit dans une dialectique permanente et doit sans cesse être réévaluée.

Bernard Giusti

 

La Grèce pour penser l’avenir, collectif, coll. « L’Homme et la Société », éd. L’Harmattan, 2000

 

  1. Maria Daraki, p.9
  2. Daraki, p.11
  3. Jean-Pierre Vernant, p.13
  4. Vernant, p.15
  5. Vernant, pp.22-23
  6. Augé, p.41
  7. Augé, p.41

 

publié dans le numéro 63 des Chemins de Traverse (décembre 2023)

publié sur le blog Vendémiaire http://vendemiaire.over-blog.org/

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Des gravures rupestres anciennes révélées par la sécheresse du fleuve Amazone

Publié le 29 Octobre 2023 par Bernard Giusti dans Anthropologie

Des gravures rupestres anciennes révélées par la sécheresse du fleuve Amazone
Le niveau historiquement bas des cours d'eau a conduit à cette étrange découverte au Brésil : des gravures rupestres de visages humains, datant d'il y a entre 1 000 et 2 000 ans.

Une grave sécheresse au Brésil a fait chuter le niveau des rivières, révélant des gravures rupestres de visages humains, datant d'il y a entre 1 000 et 2 000 ans. Ces vestiges ne seraient pas visibles, sans une période de manque d'eau dévastatrice.

Le changement climatique et El Niño ont provoqué la baisse du niveau du fleuve "Amazone", à un niveau record, dans le nord du Brésil, isolant certaines communautés, et tuant la faune et la flore. La pointe rocheuse, où les anciens visages ont été découverts, s'appelle "Ponto das Lajes". Elle se trouve sur la rive nord de l'Amazone, près de l'endroit, où les fleuves Rio Negro et Solimoes se rejoignent, près de la ville de Manaus.

Cette année, la sécheresse a des conséquences encore plus graves : le niveau du Rio Negro a baissé de 15 mètres depuis juillet, laissant apparaître de vastes étendues de roches et de sable, là où il n'y avait pas de plages. L'une des zones présente des rainures lisses dans la roche, que l'on pense être l'endroit où les habitants indigènes aiguisaient leurs flèches et leurs lances, bien avant l'arrivée des Européens.

Des gravures rupestres anciennes révélées par la sécheresse du fleuve Amazone

"Les gravures sont préhistoriques ou précoloniales. Nous ne pouvons pas les dater exactement, mais en nous basant sur les preuves de l'occupation humaine de la région, nous pensons qu'elles datent d'environ 1 000 à 2 000 ans" précise Jaime de Santana Oliveira, qui travaille pour l'Institut national du patrimoine historique et artistique (IPHAN), chargé de superviser la préservation des sites historiques. Certaines de ces gravures, qui comprennent également des animaux, avaient été repérées en 2010. 

 

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/des-gravures-rupestres-anciennes-revelees-par-la-secheresse-du-fleuve-amazone-1439612.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=1ere&at_offre=6&at_variant=guyane&at_send_date=20231029&at_recipient_id=459386-1686783090-92aae1f9

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Chine : la découverte d'un crâne d'enfant pourrait réécrire l'Histoire de l'évolution humaine

Publié le 11 Août 2023 par Bernard Giusti dans Anthropologie

Chine : la découverte d'un crâne d'enfant pourrait réécrire l'Histoire de l'évolution humaine
Et si l'arbre généalogique de l'évolution humaine était doté d'une branche jusqu'alors inconnue ? C'est ce que suggèrent des analyses effectuées suite à la découverte d'un crâne d'enfant, en Chine.
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Une tombe mégalithique découverte en Espagne révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

Publié le 3 Juin 2023 par Bernard Giusti dans Anthropologie, sciences humaines

Une tombe mégalithique découverte en Espagne révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

C'est une découverte qui montre à nouveau la "relation évidente entre les formations naturelles remarquables et les monuments construits par l'Homme", comme l'écrivent les chercheurs qui en sont à l'origine : à côté d'un intrigant mont espagnol isolé, lieu semblerait-il significatif pour les peuples locaux du Néolithique, ils ont déniché une tombe en pierre vieille de 5 400 ans.

Près de la ville d'Antequera, dans le sud de l'Espagne, une montagne proéminente ressemblant au profil géant endormi semble entourée de légendes millénaires. La région a d'ailleurs constitué un foyer local pour les peuples anciens, en témoignent les nombreux mégalithes, monuments préhistoriques fabriqués à partir de grosses pierres, qui y ont été retrouvés — le plus célèbre étant le Dolmen de Menga, l'une des plus grandes et plus anciennes structures mégalithiques d'Europe (entre 3800 et 3600 av. J.-C.). L'un d'entre eux, nouvellement révélé sur le site archéologique de Piedras Blancas, est décrit dans la revue Antiquity ce 14 mai 2023 : une tombe en pierre, vieille de 5 100 ans, fascinante sur bien des points. Notamment, car elle présente des similarités avec une autre sépulture construite à peu près au même moment à plus de 1 600 kilomètres, à Newgrange, en Irlande.

Une tombe mégalithique découverte en Espagne révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

À côté de peintures rupestres, une ancienne tombe

C'est au pied du fameux massif calcaire en forme de visage, connu sous le nom de La Peña de los Enamorados ("le Rocher des amoureux") — du nom d'une légende selon laquelle deux amants maudits se seraient tués en sautant — que les recherches ont été ici réalisées par les spécialistes fin 2020, dans le "cou" de la montagne. Ils se sont plus précisément concentrés sur une zone près de l'abri de Matacabras (Abrigo de Matacabras), où des pictogrammes peints il y a 5 800 ans de style schématique avaient déjà été révélés. "Des fouilles et des études multidisciplinaires, comprenant des investigations géologiques, architecturales et archéoastronomiques, ont révélé un monument funéraire complexe, mi-naturel, mi-bâti, mi-hypogée, mi-mégalithe", écrivent ainsi les auteurs de l'étude.

Une tombe mégalithique découverte en Espagne révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

Cette tombe en pierre, estiment-ils, aurait été construite quelques centaines d'années après la réalisation des peintures rupestres voisines, et utilisée comme sépulture pendant plus de 1 000 ans. Plusieurs dépôts de restes humains ont été découverts en son sein, datant de trois phases majeures. Des outils en pierre et des pièces de poterie y ont aussi été dénichés, particulièrement intéressants pour les chercheurs ; les résidus sur les récipients peuvent donner des indications sur les objets funéraires qu'a pu contenir la fosse il y a plusieurs millénaires, disparus depuis.

Des pierres spécifiques pour un effet visuel "théâtral"

La chambre intérieure de la tombe était par ailleurs décorée d'une pierre distinctive, avec à sa surface des "ondulations", Cette roche particulière, agencée dans une partie de la chambre funéraire exempte de restes humains, n'y a pas été placée au hasard : elle l'a été de sorte que la lumière du soleil levant du milieu de l'été (solstice d'été) produise un "certain effet sur le côté droit de la chambre", dans un "agencement sophistiqué" et délibéré, écrivent les chercheurs. "Ces [anciens humains] ont choisi cette pierre précisément parce qu'elle crée ces formes ondulantes, développe Leonardo García Sanjuán, auteur de l'étude et archéologue à l'Université de Séville (Espagne) interrogé par LiveScience. C'était très théâtral… ils ont été très intelligents dans la production de ces effets visuels spéciaux."

Une tombe mégalithique découverte en Espagne révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

"[...] la sculpture des roches (soit sous forme de stèles, comme dispositifs astronomiques, ou comme toiles décorées de motifs naturels d'origine marine) était couplée à l'orientation naturelle du substrat géologique pour 'domestiquer' la lumière solaire ; cela visait à produire un effet visuel spécifique (voire dramatique) au lever du soleil du solstice d'été — une période symboliquement chargée de l'année, développent les auteurs dans leur étude."

D'après l'équipe de recherche, une telle construction architecturale a également été observée à 1 600 kilomètres de là, sur la tombe mégalithique — bien plus grande et plus complexe, toutefois — de Newgrange (Irlande). Les humains ayant vécu dans ces lieux éloignés semblent ainsi avoir partagé des croyances similaires. "[Ils] ont quelque chose en commun : l'intérêt des constructeurs à utiliser la lumière du soleil à un moment précis de l'année, pour produire une symbolique — peut-être magique", continue Leonardo García Sanjuán, toujours à nos confrères. D'autres structures mégalithiques similaires ont aussi été découvertes du Maroc à la Suède, indique-t-il : "Il y a aussi des différences, mais un élément commun est le soleil. [Il] était au centre de la vision du monde de ces gens".

La Peña, lieu d'importance durant le Néolithique

Dans cette même région d'Antequera, le site voisin du Dolmen de Menga n'est en revanche pas directement orienté vers le lever ou le coucher du soleil au solstice, comme cela pourrait être attendu. Il pointe vers le fameux rocher de La Peña de los Enamorados, à environ 6,5 kilomètres au nord-est — les deux autres mégalithes de la zone (le dolmen de Viera et celui d'El Romeral), construits plus tard (vers 2 500 av. J.-C.) sont quant à eux tournés vers d'autres points.

La découverte de cette nouvelle tombe en pierre semble finalement apporter une explication aux chercheurs sur ce mystérieux alignement du Dolmen de Menga : et si celui-ci pointait finalement directement vers la sépulture et les peintures rupestres ? Cela soulignerait et renforcerait l'importance de La Peña de los Enamorados comme centre d'intérêt et de référence pour les populations préhistoriques locales du Néolithique (et peut-être même plus anciennes), "en tant que point de repère et géo-sculpture". "La découverte d'un nouveau monument mégalithique [en ces lieux] élargit considérablement notre compréhension du site du patrimoine mondial d'Antequera", concluent-ils.

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Nous vivons un changement de paradigme dans notre compréhension de l’évolution humaine

Publié le 8 Avril 2023 par Bernard Giusti dans Anthropologie

Nous vivons un changement de paradigme dans notre compréhension de l’évolution humaine
L’idée que l’être humain a des traces dans son ADN de néenderthalien commence à se généraliser, mais en fait l’hybridation est encore plus complexe et on commence à peine à entrevoir l’influence que cela peut avoir sur nous, sur notre résistance à certaines maladies ou au contraire, mais il semble que cela aille jusqu’à des traits de comportement. Encore un domaine où l’essor de nos connaissances bouleverse totalement notre conception de l’humanité, de sa relation à l’animalité, à la nature, à notre propre nature et apporte des potentialités nouvelles à peine entrevues avec Darwin mais je crains que ce scientifique qui a déjà essayé d’expliquer aux colonialistes de Grande Bretagne que leur ancètre local était noir, qu’il se fasse d’illusion sur la capacité à l’impérialisme occidental à ne pas tenter au contraire d’introduire des différences en matière d’hybridation. (note et traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Aguiche: Entretien avec le professeur Chris Stringer, l’un des plus grands experts de l’évolution humaine. ParJan Ritch-Frel Bio de l’auteur:Jan Ritch-Frel est le directeur exécutif de l’Independent Media Institute. Source: Institut indépendant des médias Crédit :Cet article a été produit par Human Bridges, un projet de l’Independent Media Institute. Tags:Afrique, Afrique/Afrique du Sud, Droits des animauxArtAsie, Asie/Indonésie, Asie/Philippines, Education, Europe/France, Europe/Géorgie, Europe/Espagne, Europe/Royaume-Uni, Soins de santé, HistoireDroits de l’hommePolitique identitaireInterviewMédias, Amérique du Nord/États-Unis d’AmériqueOcéanie, Océanie/Australie, Océanie/Papouasie-Nouvelle-GuinéeOpinion, Philosophie, ScienceSciences sociales

Il y a un changement de paradigme en cours dans notre compréhension des 4 derniers millions d’années de l’évolution humaine : notre histoire est une histoire qui inclut des combinaisons avec d’autres espèces d’Homo, réparties de manière inégale dans les populations d’aujourd’hui – pas une progression évolutive nette et linéaire.

Les progrès technologiques et un nombre croissant de preuves archéologiques ont permis aux experts dans l’étude des origines humaines et de la préhistoire d’offrir un aperçu de plus en plus clair, bien que complexe, du processus biohistorique qui a produit la population humaine et les cultures d’aujourd’hui.

la plupart du temps, de nouvelles découvertes sont présentées publiquement comme des éléments de nouveauté intéressants dans les nouvelles et la vulgarisation scientifique. L’image plus complète, et l’idée que cette information a des implications précieuses pour la société et pour nos conceptions politiques, n’atteint généralement pas la conscience publique, ou les centres d’influence.

Mais il y a une prise de conscience émergente dans la communauté des experts que l’humanité peut grandement bénéficier si elle utilisait cette connaissance comme un pilier de l’éducation humaine – et s’habituer progressivement à une compréhension fondée sur des preuves de notre histoire, de notre comportement, de notre biologie et de nos capacités. Tout indique qu’une meilleure compréhension de nous-mêmes renforcerait l’humanité dans son ensemble et rendrait la connexion et la coopération plus faciles.

Le processus prendra des décennies pour s’enraciner, et il semble que la meilleure façon à ce stade pour accélérer ce processus est de donner une vue d’ensemble de la situation et de donner aux gens des points d’ancrage clés et des points de référence scientifiques pour la compréhension.

J’ai voulu le faire en discutant de certaines des conclusions parmi les plus importantes qui émergent de la recherche avec le professeur Chris Stringer, qui a été à l’avant-garde de la compréhension de l’évolution humaine depuis des décennies. Stringer a aidé à formuler le modèle « Out of Africa » des origines de notre espèce et continue de poursuivre des projets pionniers au Musée d’histoire naturelle du Royaume-Uni à Londres en tant que chef de file de la recherche sur les origines humaines au Département des sciences de la Terre.

Jan Ritch-Frel: Un bon point de départ est que nous savons que les humains d’aujourd’hui sont le fruit d’une progéniture fertile avec des espèces Homo relatives qui s’étaient séparées de nous il y a des centaines de milliers d’années, et cela s’est poursuivi avec des espèces ancêtres aussi loin que les scientifiques sont en mesure de retracer. Ceci crée un contexte qui veut que pour les espèces de primates, il ait été possible de produire une progéniture fertile avec d’autres espèces en partageant un ancêtre commun remontant à 2 millions d’années – avec une probabilité généralement décroissante de succès au fil du temps et de divergence entre les espèces d’Homo.

Chris Stringer : Nous savons que notre espèce a produit une progéniture fertile avec les Néandertaliens et les Denisovans. Nous avons également des preuves négatives qu’il y avait des limites à l’infertilité entre certaines espèces d’Homo parce que nous n’en trouvons pas beaucoup plus de preuves dans nos génomes (du moins au niveau auquel nous pouvons le détecter) – donc les accouplements entre des espèces plus éloignées n’ont pas eu lieu, n’étaient pas fertiles, ou nous ne pouvons pas les détecter au niveau de notre technologie actuelle.

Il y a des barrières, et nous savons que dans nos génomes aujourd’hui, il y a des zones de déserts où il n’y a aucun ADN néandertalien et dénisovien. Et nous savons que certains de ces déserts se trouvent dans des zones qui influencent des caractères comme la parole et la vocalisation, et le fonctionnement du cerveau. Il est également suggéré que les enfants de sexe masculin pourraient avoir été moins fertiles ou infertiles que les filles de ces accouplements hybrides. Au niveau où nous pouvons le détecter, il n’y a pas de preuve solide jusqu’à présent d’infertilité entre Homo sapiens et nos parents plus éloignés tels que Homo floresiensis ou Homo naledi.

Nous ne connaissons donc pas encore toutes les espèces d’Homo qui auraient pu s’hybrider ou s’hybrider au cours des 2 derniers millions d’années, mais certaines d’entre elles auraient certainement été interfertiles. Nous savons que nous, les Néandertaliens et les Denisovans, étions interfertiles, par exemple.

Ritch-Frel: A partir de ce que vous dites là, les coordonnées sur la manière dont nous expliquons l’évolution humaine à nous-mêmes change– pas une progression linéaire, mais une série de combinaisons, de différents groupes qui contiennent parfois des avantages pour la survie. Dans certains cas, la survie d’une population migratrice d’Homo pourrait être facilitée par l’hybridation avec une espèce résidente qui avait survécu dans une région pendant des centaines de milliers d’années ou plus, en prenant en charge ses adaptations – au système immunitaire, à la capacité de traiter l’oxygène ou à d’autres traits – sans parler de l’échange d’informations sur la culture et le mode de vie.

Plus on en apprend à ce sujet, plus il est facile de voir que le temps est mieux considéré en tant que simple ingrédient de l’histoire de l’évolution humaine. Dans cet esprit, il est plus facile de saisir jusqu’où le concept de « primitif » peut nous amener à nous comprendre nous-mêmes et notre processus évolutif.

Alors que le monde commence à intégrer cette information au centre de l’éducation humaine, il est si important de trouver les mots racines du mieux auquel nous pouvons aspirer.

Stringer: « Archaïque » et « moderne », « humain » et « non-humain » – ce sont tous des termes chargés. Qu’est-ce qu’un humain ? Et il existe de nombreuses définitions différentes de ce qu’est une espèce.

Il y a des gens qui n’utilisent « humain » que pour les sapiens, et alors les Néandertaliens ne seraient même pas humains. Je ne suis pas d’accord avec cela, car cela signifie que nous nous sommes accouplés avec des « non-humains » au cours des 50 000 dernières années, ce qui, je pense, rend la conversation très difficile.

À mon avis, le terme « humain » équivaut à être un membre du genre Homo. Je considère donc les Néandertaliens, les rhodésiensis et les erectus comme étant tous humains.

Et les termes « moderne » et « archaïque » – ce sont des termes mal appropriés. Et j’ai essayé de m’en éloigner maintenant parce que d’une part, le terme « moderne » est utilisé pour le comportement moderne, et il est également utilisé pour l’anatomie moderne, donc ces termes entretiennent la confusion. Par exemple, certaines découvertes de fossiles humains anciens ont été décrites comme « anatomiquement modernes » mais pas « comportementalement modernes » – je pense que c’est trop déroutant pour être utile.

Quand nous regardons les premiers membres d’une espèce Homo, au lieu d’avoir le terme « archaïque », comme dans avoir des « traits archaïques », je pense que c’est plus clair si nous utilisons le terme « basal ». Basal nous met sur un chemin sans la confusion et le bagage qui peuvent venir avec des termes comme « archaïque », « primitif » et « moderne ». Dans cet usage, « basal » est un terme relatif, mais au moins un où nous pouvons trouver des critères (tels que les traits squelettiques) pour le délimiter.

Il est utile ici de considérer le processus évolutif en dehors de l’Homo sapiens. Les Néandertaliens ont également eu un processus d’évolution à partir de la période où ils se sont séparés de notre ancêtre commun. Les Néandertaliens à la fin de leur époque étaient très dérivés, très différents de la façon dont ils ont commencé il y a potentiellement 600 000 ans, et pourtant, selon la pensée conventionnelle, ils sont appelés « archaïques » (par rapport à nous, les « modernes »). Au cours de centaines de milliers d’années, ils ont développé un certain nombre de nouvelles caractéristiques physiques qui n’existaient pas dans l’ancêtre commun avec Homo sapiens. Par exemple, ils ont développé un visage qui a été tiré vers l’avant au milieu, une forme crânienne sphérique en vue arrière – même certains des os de l’oreille avaient une forme différente. Et comme nous, ils ont développé un cerveau plus gros. Les Homo neanderthalensis dérivés étaient très différents de leurs ancêtres 300 000 ans plus tôt.

Abandonnons donc le cadre verbal de « primitif » et « archaïque » et « moderne » et optons pour « basal » et « dérivé » le long de notre lignée et de celle de Néandertal.

Ritch-Frel: Un autre changement récent dans la compréhension est l’histoire de la façon dont nous avons appris à marcher. Un nombre croissant de recherches suggère que cela s’est produit sur les branches des arbres et que nos bras avaient un rôle à jouer dans l’équilibre.

Stringer: Quand vous regardez les orangs-outans et les gibbons, qui sont nos proches parents vivants en Asie du Sud-Est, nous voyons que lorsqu’ils sont dans les arbres, ils marchent déjà debout, et ils se ramifient. Certaines des feuilles et des fruits les plus tendres sont à l’extrémité des branches, donc en utilisant leurs bras plus longs, ils marcheront réellement le long des branches, se soutenant en tenant avec une ou deux mains à la branche au-dessus. Et puis ils peuvent aussi sauter facilement des extrémités des branches à l’arbre suivant, pour continuer à se nourrir.

Le point de vue est donc qu’il s’agit d’un physique pré-adapté à la bipédie. Leur corps est déjà partiellement adapté à une posture verticale et le bassin est déjà dans une situation où ils peuvent se soutenir sur deux jambes. L’idée de travail serait que nos ancêtres sont passés par une étape similaire où ils marchaient dans les branches, se nourrissaient dans les arbres, commençant régulièrement à mettre leur corps en position verticale. Et puis quand ils descendent entre les arbres, les arbres peuvent commencer à s’éclaircir si les zones deviennent plus sèches, et ils restent debout pendant qu’ils marchent entre les arbres jusqu’à ce qu’ils arrivent à la prochaine touffe d’arbres.

Je ne pense pas que nous ayons vraiment un scénario alternatif évolutif très convaincant. Considérez que cette adaptation à la bipédie se déroule sur des millions d’années. Si vous imaginez une créature qui est à quatre pattes, qu’est-ce qui va la faire commencer à marcher debout et le faire assez longtemps pour que le squelette soit modifié par l’évolution pour devenir complètement bipède ? Ils doivent survivre tout au long de ce processus. Très difficile à imaginer.

Des gens comme Darwin ont d’abord spéculé que la bipédie venait de la nécessité d’utiliser des outils ou de transporter des choses, et il est certainement utile de faire ces choses, une fois que vous êtes bipède. Mais qu’est-ce qui va modifier un squelette, modifier la musculature et tout cela, de la même manière que l’évolution nous dit que les primates évoluent au fil des générations?

Ritch-Frel: Prenant ce point quant aux origines de l’apprentissage de la marche, il mène à la discussion sur deux groupes fossiles d’Homo trouvés en Asie du Sud-Est, Homo floresiensis sur l’île de Flores, en Indonésie, et luzonensis dans la grotte de Callao sur l’île de Luçon aux Philippines – et floresiensis avec une hauteur adulte à un peu plus d’un mètre de haut.

Floresiensis a attiré l’attention du public mondial en 2003. On nous a présenté la découverte d’une « créature primitive », une créature qui est plus souvent appelée un « ça » qu’une personne. Les membres les plus curieux du public qui creusent plus profondément dans cette découverte sont généralement informés que ces « hobbits » étaient un produit du nanisme évolutif, souvent trouvé sur les îles, où les grandes créatures sont réduites en taille par des contraintes de ressources et des pools génétiques plus petits. Toujours présent dans les discussions sur floresiensis est l’accent sur leurs petits cerveaux « primitifs ». Nous commençons à apprendre que la taille peut ne pas avoir autant d’importance que la disposition du cerveau lorsque nous nous comparons à nos ancêtres et à leurs capacités fondamentales. (Je vous interrogerai encore à ce sujet plus tard.)

Plus récemment, en 2019, les archéologues ont annoncé une découverte de fossile trouvée à près de 2 000 miles de là, aux Philippines, portant actuellement un nom d’espèce Homo luzonensis qui présente de nombreuses similitudes avec floresiensis.

Jusqu’à leur découverte, on pensait que les premiers hominidés / humains à arriver en Asie du Sud-Est étaient Homo erectus, qui est connu pour avoir quitté l’Afrique il y a environ 2 millions d’années.

Il est à noter que certains experts soutiennent que floresiensis était capable de marcher, mais pas de courir. Et que l’humérus de floresiensis, l’os du bras, était plus long que son fémur, l’os de la jambe supérieure. Ceci est typique d’un type de corps adapté à l’escalade. Les os du poignet indiquent également l’escalade. Ce genre de branche évolutive, je comprends, remonte à quelque part au-delà de 2,5-3 millions d’années, et forcerait à repenser quel style de locomotion des espèces Homo a quitté l’Afrique pour la première fois et peut-être préparer le terrain pour influencer et s’hybrider avec les parents africains qui sont venus après.

Floresiensis / luzonensis est un domaine où il n’y a pas de consensus parmi les experts – et le public pourrait trouver les écoles de pensée illustratives sur les frontières de notre compréhension de l’histoire de l’évolution humaine.

Stringer: Certains experts soutiennent que le scénario le plus convaincant est que le matériau floresiensis est dérivé de l’Homo erectus – qu’il s’agit d’une forme naine d’Homo erectus qui est arrivée à Flores, a subi un nanisme et… a conservé certaines caractéristiques érectes. Nous savons qu’erectus a quitté l’Afrique il y a environ 2 millions d’années. Certaines des caractéristiques dentaires de floresiensis ont été suggérées comme une preuve claire d’une ascendance erectus. Pour que cette idée fonctionne, floresiensis aurait eu besoin d’un ancêtre qui a développé ou redéveloppé indépendamment des caractéristiques basales – des caractéristiques qui ressemblent davantage aux caractéristiques ancestrales d’espèces précédemment développées en Afrique. Comme vous l’avez mentionné, les proportions du corps, le haut du corps qui semble montrer des adaptations pour l’escalade. Peut-être que floresiensis est retourné dans les arbres pour se nourrir. C’est une possibilité.

Ce processus de nanisme aurait dû se produire par la suite dans le processus de migration insulaire en Asie du Sud-Est. C’est un scénario que certaines personnes qui travaillent sur les fossiles d’Homo erectus défendent. C’est une école d’opinion sur floresiensis.

Et d’un autre côté, vous avez des experts qui travaillent dans le sens auquel vous avez fait allusion, et pensent que c’est la preuve d’une sortie pré-erectus de l’Afrique. Un Homo habilis ou même un australopithèque est sorti d’Afrique, a en quelque sorte atteint l’Asie du Sud-Est, en termes de fossiles que nous connaissons, et peut-être aussi à Luçon aux Philippines pour Homo luzonensis. En faveur de cela, nous avons ces caractéristiques basales dans les os du poignet, le bassin et les épaules, et le cerveau plus petit.

C’est un scénario assez convaincant. Mais si vous êtes d’accord avec cela, alors vous devez conclure qu’une évolution convergente, ou indépendamment similaire, de leurs dents vers Homo erectus devait se produire. Les aspects du crâne ressemblent à ceux d’un érectusFloresiensis a un petit visage qui est niché sous la voûte crânienne, ce qui a nécessité une certaine dérivation. Floresiensis aurait dû avoir à la fois une évolution similaire indépendante à erectus, et un retour à certains éléments plus basaux de leurs ancêtres.

Il existe un point de vue de compromis, selon lequel floresiensis est le produit d’un érectus basal. Certains des fossiles de squelette d’érectus trouvés sur un site appelé Dmanisi dans la Géorgie, ont un cerveau beaucoup plus petit. L’un des fossiles a une taille de cerveau pas trop différente de floresiensis.

Nous pourrions partir d’un érectus plus petit, plus petit cerveau, et peut-être qu’alors il aurait pu arriver à Flores finalement, et a évolué et survécu là-bas pendant plus d’un million d’années. Nous devons garder à l’esprit que nous ne connaissons pas l’anatomie complète de l’érection de toute façon. Alors, à quoi ressemblaient les os du poignet à Dmanisi? Étaient-ils comme ceux trouvés à Flores? Nous ne le savons tout simplement pas encore, car ils n’ont pas été préservés jusqu’à présent.

Dans tous ces cas, vous avez également le mystère sur la manière dont ils sont arrivés à Flores: il n’y a pas de ponts terrestres qui apparaissent lorsque le niveau de la mer baisse pendant les périodes glaciaires. Les gens qui soutiennent que floresiensis était plus étroitement lié aux humains via la ligne erectus suggèrent qu’il y avait une capacité d’utiliser peut-être des embarcations pour se rendre à Flores.

Mais l’autre option est que son arrivée sur Flores était accidentelle. Tectoniquement, cette partie de l’Indonésie est l’une des régions les plus actives au monde, causée par des éruptions volcaniques et des tremblements de terre. Il y a eu un tsunami majeur dans l’océan Indien en 2004. Des personnes ont été retrouvées en mer quelques jours plus tard, survivant sur des touffes de végétation. C’est quelque chose qui s’est produit au cours des 20 dernières années. Lorsque vous avez une échelle de temps de milliers, de centaines de milliers, de millions d’années potentiellement, ces événements « rares » peuvent se produire. Nous savons que c’est le nombre d’autres animaux qui ont dû traverser ces îles entre Java et la Papouasie-Nouvelle-Guinée / Australie.

Il est possible que certains ancêtres de floresiensis se nourrissaient peut-être dans les mangroves de la côte, et qu’un raz-de-marée ait arraché toute une zone, et ils sont laissés là, et d’une manière ou d’une autre miraculeusement quelques semaines plus tard, ils arrivent à Flores ou sur une autre île, car cela aurait pu être accompli par étapes. Il n’est pas nécessaire que ce soit tout droit jusqu’à Flores.

Ritch-Frel: Que le floresiensis ait été abattu à dessein ou par accident, il existe cet autre élément de preuve que nous identifions au progrès humain : la fabrication d’outils en pierre. Les archéologues ont trouvé sur deux sites de l’île de Flores des outils associés à la découpe de viande âgés de 700 000 et même de plus d’un million d’années.

Avec floresiensis, nous avons un corps qui était peut-être incapable de courir, capable de marcher, mais mieux adapté à l’escalade. Nous avons un cerveau décrit comme minuscule, mais capable de fabriquer des outils. En ce qui concerne la découverte en 2013 de l’Homo naledi en Afrique du Sud, nous avons des preuves vieilles de 230 000 à 300 000 ans d’une autre espèce d’Homo qui avait une courbure sur les os des doigts associée aux primates qui passent leur temps à grimper, ainsi qu’une structure osseuse de la main qui permet aux gens d’apporter de la complexité dans leur fabrication d’outils. Il a une structure de pied similaire à la nôtre. Comme floresiensis, naledi a aussi un cerveau beaucoup plus petit que le nôtre, mais aussi comme floresiensis, il a une structure cérébrale similaire. Des outils ont été trouvés dans la région qui, selon les archéologues, pourraient avoir été créés par naledi.

L’équipe archéologique qui travaille sur le site de Naledi nous dit qu’il existe des preuves d’une culture avec des traits que nous et nos espèces cousines reconnaîtrions: retourner dans la même grotte pour déposer leurs morts et utiliser le feu pour y naviguer. Les Néandertaliens ont laissé une trace du dépôt de dizaines de leurs morts dans une grotte en Espagne appelée Sima de los Huesos il y a environ 430 000 ans. Que ce que nous regardons dans ces grottes soient des cas de meurtre de masse ou de rituel ou autre chose, nous n’avons tout simplement pas les preuves pour le dire. Dans la grotte de Bruniquel en France, nous avons des preuves de l’utilisation néandertalienne du feu et potentiellement de l’habitation dans la grotte il y a au moins 175 000 ans.

Se souvenir des morts, bien sûr, n’est pas un phénomène que nous serions les seuls à posséder. Les éléphants visitent et pleurent les restes de leurs proches et des membres du troupeau tout au long du processus de décomposition. Les mères chimpanzés porteront leurs nourrissons morts avec elles pendant des jours.

Stringer : Naledi est très intrigant. Nous pouvons expliquer la survie de floresiensis à long terme et son évolution divergente dans l’isolement, et l’Homo sapiens n’y arrive pas avant peut-être les 50 000 dernières années, puis floresiensis disparaît. Mais dans le cas du naledi, nous l’avons en Afrique du Sud, sur un continent où nous sommes presque sûrs que l’Homo sapiens avait déjà évolué, où d’autres espèces d’Homo, comme le rhodesiensis, étaient présentes. Et pourtant, le naledi survit en Afrique du Sud avec un cerveau de la taille d’un singe avec succès, apparemment, et passe peut-être son temps profondément dans les systèmes de grottes là-bas.

J’ai été l’un des critiques de l’idée de l’élimination intentionnelle de l’enterrement, parce que j’ai soutenu que « dans quelle mesure le comportement d’une créature avec un cerveau de la taille d’un chimpanzé ou d’un gorille pourrait-il être complexe? »

Mais je suis plus qu’heureux d’être surpris par la complexité beaucoup plus grande de l’Homo naledi lorsque sonnt proches d’aboutir des recherches menées par des pairs qui plaident en la faveur de cette complexité (ce qui pourrait être bientôt).

Ritch-Frel: L’accent est mis sur la taille du cerveau de nos proches en public et sur la conversation d’experts sur les origines humaines, pour nous comparer à nos ancêtres et à nos cousins. Dans le cas de floresiensis et naledi, la conversation publique revient sans cesse sur la petite taille de leur cerveau. Naledi avait une taille de cerveau de 600 millilitres; Chacun d’entre nous en a environ 1 300. Serait-ce un peu un leurre en ce qui concerne leurs capacités de base? Devrions-nous mettre davantage l’accent sur la disposition des structures cérébrales centrales? Cela mérite-t-il d’être mis davantage en avant par rapport à nous?

Stringer: Toute la question de la taille du cerveau et de la complexité du comportement, c’est un débat de longue haleine.

Les Néandertaliens et les sapiens ont des cerveaux relativement gros dans la famille des Homo. Vous pouvez voir une corrélation approximative entre la complexité comportementale croissante des outils en pierre et la taille du cerveau. C’est une corrélation approximative, pas une certitude. C’est pourquoi je pense que le naledi va être très important, parce que si l’équipe de recherche démontre la complexité du comportement, je pense que cela mettra certainement un clou dans le cercueil de l’idée qu’un petit cerveau d’hominidé ne peut pas accomplir des choses complexes.

Ritch-Frel: Compte tenu de cela, et en revenant à certaines des morphologies arboricoles conservées, est-il juste de se demander maintenant si l’intelligence que les humains ont tendance à considérer comme leur caractéristique propre et à l’utiliser comme marqueur de notre différence par rapport aux autres animaux a été développée dans les arbres plutôt que exclusivement sur le sol? Nous savons que les jeunes femelles chimpanzés fabriquent des poupées, par exemple, avec lesquelles elles simulent l’éducation des enfants.

Stringer: Je pense que même en regardant les chimpanzés et les gorilles, ils ont une intelligence claire supérieure à celle de la plupart des autres créatures, de la plupart des autres mammifères. C’était certainement là dans l’ancêtre commun. Je pense donc que l’ancêtre commun entre nous et les chimpanzés il y a environ 7 millions d’années avait déjà un comportement complexe et potentiellement même un comportement de fabrication d’outils à ce stade précoce.

Pourquoi pas? Donc je pense que oui, ça aurait pu commencer à se développer dans les arbres. Et comme je l’ai dit, les orangs-outans sont intelligents aussi. Je pense donc que l’ancêtre commun aurait eu ce degré d’intelligence. Mais il y a des arguments selon lesquels, au moment où nous arrivons à l’australopithèque, il y a eu une certaine restructuration du cerveau, ce qui implique peut-être une réorganisation pour une pensée plus complexe.

Ritch-Frel: Nous savons maintenant qu’il y a au moins cinq espèces humaines distinctes qui vivaient sur Terre il y a seulement 70 000 ans: Homo sapiensneanderthalensisdenisovafloresiensis et luzonensis. Et nous pouvons démontrer à travers plusieurs sources de preuves qu’ils avaient non seulement une anatomie différente, mais qu’ils avaient également des capacités physiques et des traits ou tendances comportementaux variables.

Une espèce humaine de 1 mètre de haut en Indonésie avait un pied qui rendait la course difficile. La recherche nous dit que les Néandertaliens avaient tendance à être agressifs, à être des gens du matin, à souffrir de dépression; qu’ils nous auraient parus dogmatiques, et qu’ils avaient des comportements répétitifs.

En plus de cela, nous savons également que les sapiens à travers la planète portent aujourd’hui du matériel génomique issu de l’hybridation avec au moins six espèces d’Homo, dont certaines que nous pensons avoir disparu en tant qu’espèce indépendante et distincte bien avant 70 000 ans. Deux de ces espèces que nous pouvons nommer, Neandertal et Denisovan, et les quatre autres que les scientifiques n’ont pas encore nommées, mais nous avons des preuves génomiques de ces « ancêtres mystérieux ».

Cela ne fait pas encore partie de la vulgarisation publique, mais pouvez-vous voir un avenir où les gens pourraient s’identifier et identifier leurs comportements comme typiques de leur famille, de leur religion, de leurs origines régionales et aussi de leurs héritages d’espèces ancestrales dans un environnement où la compréhension de nous-mêmes renforce les liens de coopération et nous fournit un cadre universel de relation potentielle?

Stringer: Il y a certainement des preuves de métissage sapiens avec les Néandertaliens, et on pense toujours qu’il s’agit d’un groupe assez étroitement lié de Néandertaliens qui s’est hybridé avec Homo sapiens. Mais pour les Denisovans, ce sont au moins trois groupes de population différents de Denisovans qui se sont diversifiés il y a environ 300 000 ans qui se sont croisés avec Homo sapiens dans différentes parties de l’Asie et de l’Asie du Sud-Est.

Et revenons à votre question sur l’identité. Oui, je pense que nous savons par des études ce que l’ADN néandertalien fait en nous aujourd’hui que des morceaux d’ADN néandertalien sont liés, par exemple, au fait que vous soyez une personne du matin ou du soir. Nous savons que certains morceaux d’ADN de Néandertal ont fourni  une protection contre COVID. L’âge de la ménopause et le début de la menstruation. Le comportement addictif semble être lié dans certains cas à des morceaux d’ADN de Néandertal.

Il y a des suggestions que l’autisme, la schizophrénie, certainement les maladies auto-immunes, sont également influencés dans une certaine mesure par la présence d’ADN de Néandertal, et probablement nous trouverons des choses similaires pour l’ADN de Denisova. Donc, cela nous affecte certainement, notre biologie de base, nos personnalités.

Et pour les Denisovans, dans certaines populations, il y a deux fois plus d’ADN de Denisova que d’ADN de Néandertal. Les populations d’Asie du Sud-Est ont un ADN néandertalien au même niveau que, disons, les Européens ou les Asiatiques, mais ils ont peut-être 4% d’ADN de Denisova. Donc, théoriquement, nous imaginons que cela va avoir un effet encore plus grand. Nous savons qu’il affecte le système immunitaire, mais il peut aussi avoir d’autres effets.

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“La première famille connue de Néandertaliens” découverte dans une grotte de Russie

Publié le 4 Novembre 2022 par Bernard Giusti dans Anthropologie

“La première famille connue de Néandertaliens” découverte dans une grotte de Russie
C’est la première fois que sont mis en évidence de tels liens familiaux chez des Néandertaliens, une espèce du genre Homo disparue il y a environ 49 000 ans. Pour ce faire, les chercheurs apparenant à différentes nations (comme pour le projet iter sur le nucléaire civil) ont analysé l’ADN de onze individus prélevé dans des fragments d’os et de dents qui avaient été déterrés dans la grotte de Tchagyrka, en Sibérie. Que cette découverte ait lieu dans l’altaï russe témoigne une fois de plus de l’unité du destin de l’espèce et de notre planète commune et dans notre continent. Ces onze personnes auraient vécu à la même époque. Il s’avère que les éditions Delga m’ont confié la préface du manuel scolaire de l’Union soviétique sur les origines de l’espèce humaine et l’histoire antique, en le lisant j’ai retrouvé les joies éprouvées il y a bien longtemps, dans mes propres études, à cette conception de l’histoire qui unit le matérialisme historique de Marx et Engels à toutes les découvertes sur l’évolution de l’humanité, les méthodes qui ne se contentent plus des chroniques et des textes mais utilisent les découvertes anthropologiques et archéologiques, les datations des objets en laboratoire. En relisant ce manuel pour en rédiger la préface, je songeais à l’apport aujourd’hui de la génétique des populations et aux travaux qui ont porté sur les peuplements humains, les hybridations . Aujourd’hui, je découvre cette découverte de l’organisation sociale de Néanderthal -dont nous avons les gênes- me fait percevoir la continuité et les avancées depuis L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État  un essai de Friedrich Engels publié en 1884 d’après les notes de Karl Marx sur les études anthropologiques des sociétés archaïques de Lewis Henry Morgan. livre auquel le manuel fait souvent référence. Engels se réfère aussi au livre Le Droit maternel de Johann Jakob Bachofen. OUI la révolution d’octobre a bien initié une autre civilisation, une autre conception de l’humain et celle-ci comme la taupe de l’histoire poursuit sur sa lancée, le passé y est promesse d’avenir. (note de danielle bleitrach pour histoireetsociete)

 

Un Néandertalien portant son enfant sur les épaules (représentation artistique).
Un Néandertalien portant son enfant sur les épaules (représentation artistique). PHOTO TOM BJORKLAND/REUTERS

 

“Grâce à l’analyse de fossiles trouvés dans une grotte en Russie, des scientifiques ont découvert la première famille connue de Néandertaliens : un père, une adolescente et d’autres individus qui étaient probablement des cousins proches”, rapporte le New York TimesLe quotidien américain se fait l’écho de l’étude parue le 19 octobre dans Nature, codirigée par Svante Pääbo, lauréat du prix Nobel 2022 de médecine.Il crée en 1997 un centre de recherche en paléogénétique au sein de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste. En mars 2010, son équipe annonce l’identification d’une nouvelle espèce d’hominidé à partir de matériel génétique, l’hominidé de Denisova. Il s’agit de la première identification d’une espèce humaine par le seul décodage d’ADN fossile. Son équipe publie aussi en 2010 la séquence ADN presque complète de Néandertal. Il montre aussi que 1 à 3 % d’ADN de Néandertal est encore présent aujourd’hui dans le génome d’une large part de l’humanité. Il est Docteur Honoris Causa de l’université de Galway en 2015. Il reçoit le Prix scientifique européen Körber en 2018.

 

Aperçu génétique de l’organisation sociale des Néandertaliens

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Nature volume 610, pages519–525 (2022)Citer cet article

Abstrait

Les analyses génomiques des Néandertaliens ont déjà fourni des informations sur l’histoire de leur population et leur relation avec les humains modernes.1,2,3,4,5,6,7,8, mais l’organisation sociale des communautés néandertaliennes reste mal comprise. Nous présentons ici les données génétiques de 13 Néandertaliens de deux sites du Paléolithique moyen dans les montagnes de l’Altaï au sud de la Sibérie: 11 de la grotte de Chagyrskaya9,10et 2 de la grotte d’Okladnikov11—ce qui en fait l’une des plus grandes études génétiques d’une population néandertalienne à ce jour. Nous avons utilisé la capture d’hybridation pour obtenir des données nucléaires à l’échelle du génome, ainsi que des séquences mitochondriales et du chromosome Y. Certains individus Chagyrskaya étaient étroitement liés, y compris une paire père-fille et une paire de parents au deuxième degré, ce qui indique qu’au moins certains des individus vivaient en même temps. Jusqu’à un tiers des génomes de ces individus avaient de longs segments d’homozygotie, ce qui suggère que les Néandertaliens Chagyrskaya faisaient partie d’une petite communauté. En outre, la diversité du chromosome Y est d’un ordre de grandeur inférieure à la diversité mitochondriale, un modèle que nous avons trouvé mieux expliqué par la migration féminine entre les communautés. Ainsi, les données génétiques présentées ici fournissent une documentation détaillée de l’organisation sociale d’une communauté néandertalienne isolée à l’extrême est de son aire de répartition connue.

Principal

Les Néandertaliens occupaient l’Eurasie occidentale il y a environ 430 000 ans8,12jusqu’à leur extinction il y a environ 40 000 ans13. Des données à l’échelle du génome ont été rapportées pour les restes squelettiques de 18 individus provenant de 14 sites archéologiques1,2,3,4,5,6,7,8couvrant l’histoire de Néandertal sur de grandes parties de leur aire de répartition géographique connue, qui s’étend aussi loin à l’est que les montagnes de l’Altaï dans le sud de la Sibérie. Ces données ont permis d’obtenir une vue d’ensemble des populations néandertaliennes, indiquant l’existence de multiples populations néandertaliennes distinctes au fil du temps et de l’espace.1,2,14.

Cependant, on sait peu de choses sur les relations génétiques et l’organisation sociale au sein et entre les communautés néandertaliennes dans n’importe quelle partie de l’Eurasie pendant cet intervalle de temps.

Par « organisation sociale », nous entendons la taille, la composition sexuelle et la cohésion spatio-temporelle d’une communauté15. Nous définissons une communauté comme un ensemble d’individus qui vivaient vraisemblablement ensemble au même endroit, et réservons le terme population à un ensemble de communautés largement connectées dans une zone géographique plus large.

Sur la base d’empreintes fossilisées16,17et les modèles spatiaux d’utilisation du site18, des études antérieures sur l’organisation sociale des communautés néandertaliennes ont suggéré que les Néandertaliens vivaient probablement dans de petites communautés. En outre, des séquences partielles d’ADN mitochondrial (ADNmt) de six Néandertaliens adultes ont été utilisées pour suggérer que les Néandertaliens pourraient avoir été patrilocaux19, bien que cette suggestion ait fait l’objet d’un débat20.

Nous explorons ici l’organisation sociale des Néandertaliens à l’aide de données nucléaires, chromosomiques Y et ADNmt provenant des restes de 13 individus récupérés sur 2 sites situés à proximité l’un de l’autre dans le sud de la Sibérie (Russie) – les grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov (Tableau1et Fig.1a).

Graphique 1
Fig. 1 : Sites néandertaliens et informations génomiques.

Tableau 1 Néandertaliens des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov inclus dans cette étudeTable pleine grandeur

Sites archéologiques et vestiges

Les grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov, situées dans les contreforts des montagnes de l’Altaï (Fig.1aet Extended Data Figs.1 et2), auraient été utilisées principalement comme camps de chasse à court terme11,21. Ce sont deux des trois sites connus sur lesquels une industrie distincte du Paléolithique moyen de Sibiryachikha a été trouvée (le troisième étant la grotte supérieure de Sibiryachikha).9,10,22,23(Fig.1.6 supplémentaire). L’industrie de Sibiryachikha dans les grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov est distincte de l’industrie du Paléolithique moyen de la grotte de Denisova (située à environ 100 km à l’est), où des restes néandertaliens ont également été trouvés.2.

Les dépôts d’occupation néandertalienne de la grotte de Chagyrskaya se sont accumulés il y a entre 59 000 et 51 000 ans, comme l’indiquent la datation optique des sédiments et la datation au radiocarbone des os de bisons10. Nous avons obtenu des âges radiocarbone supplémentaires à partir de deux morceaux de charbon de bois et d’un os de Néandertal (Chagyrskaya 9), qui étaient tous plus vieux de 50 000 ans avant le présent (tableau supplémentaire1.3). Ces âges sont compatibles avec une courte période de dépôt (quelques millénaires ou moins), ce qui est cohérent avec la présence d’une industrie archéologique similaire dans toutes les couches néandertaliennes10(Données étendues Fig.2).

Pour la grotte d’Okladnikov, nous avons limité le moment de l’occupation néandertalienne en utilisant des âges radiocarbone à acide aminé unique à base d’hydroxyproline pour trois spécimens de Néandertal (y compris Okladnikov 15) (tableau 1 et tableau de données étendu 1), ce qui indiquait qu’ils avaient au moins 44 000 ans (tableau supplémentaire1.4). Nos estimations d’âge sont cohérentes avec les âges de la série d’uranium pour les os d’animaux et soutiennent les suggestions précédentes selon lesquelles les âges radiocarbone plus jeunes obtenus à partir de la fraction de collagène reflètent une élimination incomplète des contaminants24(Renseignements supplémentaires, section1). Par conséquent, les données archéologiques et chronologiques suggèrent que les Néandertaliens qui occupaient ces deux sites pourraient avoir été largement contemporains.

Des analyses antérieures des génomes à haute couverture d’un Néandertalien de la grotte de Chagyrskaya (Chagyrskaya 8) et d’un Néandertalien antérieur de la grotte de Denisova (Denisova 5, le « Néandertalien de l’Altaï ») ont révélé qu’ils appartenaient à des populations différentes5. Une progéniture de première génération (Denisova 11) d’une mère néandertalienne et d’un père dénisovien a révélé que la mère néandertalienne ressemblait plus à Chagyrskaya 8 qu’elle ne l’était aux autres Néandertaliens.5,25.

Acquisition des données et détermination du sexe

Nous avons échantillonné 1 à 64 mg de poudre dentaire ou osseuse provenant de 17 spécimens de la grotte de Chagyrskaya et de 10 spécimens de la grotte d’Okladnikov. Parmi ceux-ci, 15 de Chagyrskaya et 2 d’Okladnikov ont produit de l’ADN ancien (tableau 1, tableau dedonnées étendu 1 et données supplémentaires1), à partir desquels nous avons généré un total de 85 banques d’ADN simple brin (section2 des informations supplémentaires). Toutes les banques ont été enrichies pour les séquences d’ADNmt (section3 des renseignements supplémentaires) et 49 bibliothèques (sélectionnées pour les rendements élevés des séquences et les faibles niveaux de contamination humaine actuelle) ont été enrichies pour l’ADN nucléaire à l’aide d’un réseau de capture nucléaire nouvellement conçu contenant 643 472 polymorphismes de transversion à travers le génome (section5 des renseignements supplémentaires) ). Dans le tableau, 271 306 sites varient parmi les 4 individus archaïques à couverture élevée publiés (trois Néandertaliens et un Denisovan)2,3,5,14et 372 166 sites se séparent dans les populations africaines actuelles ou sont fixés entre les humains actuels et les hominidés archaïques. La couverture moyenne de l’ADN nucléaire pour chaque fossile varie de 0,04 à 12,3 fois (Fig.1b), et les estimations actuelles de la contamination humaine vont de 0,1 % à 3,2 % (tableau supplémentaire5.4).

Nous avons déterminé le sexe génétique des 17 restes en utilisant la différence de couverture entre le chromosome X et les autosomes (Fig.5.5 supplémentaire) et avons constaté que 6 restes provenaient de femelles. Pour les 11 restes mâles, nous avons enrichi les bibliothèques pour environ 6,9 mégabases (Mb) de séquence du chromosome Y.26(Renseignements supplémentaires, section 4), ce qui donne des couvertures allant de 0,02 à 42,2 fois (tableau supplémentaire4.3).

Identification des proches

Pour déterminer si l’un des restes provenait d’individus apparentés, nous avons calculé la divergence de l’ADN nucléaire entre les 17 restes en échantillonnant au hasard 1 allèle de 250 785 sites dans le réseau de capture qui étaient variables chez les individus archaïques à couverture élevée (à l’exclusion des variantes spécifiques à Chagyrskaya 8) (Informations supplémentaires section5 ). La divergence sera plus faible pour les individus apparentés parce qu’ils ont hérité de parties de leur génome des ancêtres qu’ils partagent dans un passé récent. Nous avons normalisé cette divergence (p0) par une divergence médiane de l’ADN entre toutes les comparaisons. Utilisation de cette approche27, nous pouvons détecter des relations jusqu’au deuxième degré; Nous considérons que tout ce qui va au-delà de cela n’a aucun rapport. Nous attendonsp0= 1 pour les restes qui sont plus éloignés que les parents au deuxième degré,p0= 0,875 pour les parents au deuxième degré,p0= 0,75 pour les parents au premier degré etp0= 0,5 pour les restes de jumeaux monozygotes ou du même individu27. Nous avons également étudié les hétéroplasmies d’ADNmt (c’est-à-dire lorsque les mitochondries portées par un individu diffèrent dans leur séquence d’ADN) (tableau supplémentaire3.2) pour identifier les relations génétiques étroites28. Comme les hétéroplasmies peuvent être transmises de la mère à l’enfant et persistent généralement pendant moins de trois générations29, leur présence dans des restes différents indiquerait qu’ils proviennent du même individu ou d’individus proches de la mère. Pour différencier les restes (c’est-à-dire entre les échantillons squelettiques et dentaires) et les individus, nous désignons les premiers par des chiffres et les seconds par des lettres (tableau1).

Nous avons trouvé une dent caduque (Chagyrskaya 19) et deux dents permanentes (Chagyrskaya 13 et Chagyrskaya 63). Étonnamment, malgré leurs différents stades de développement, les données génétiques suggèrent qu’ils appartenaient au même individu (Chagyrskaya G;p moyen0= 0,53) (données étendues fig.3a). En accord avec cela, les trois dents provenaient d’un mâle et portaient des ADNmt identiques, y compris une hétéroplasmie en position 3 961 à des fréquences similaires de 60,7 à 78,5% (tableau supplémentaire3.2). La racine presque complètement résorbée de la dent à feuilles caduques suggère qu’elle a été exfoliée naturellement (renseignements supplémentaires, section1). Sur la base des modèles d’usure et de développement racinaire, nous avons déduit que les dents permanentes provenaient d’un individu âgé de 9 à 15 ans et que cet homme est probablement mort à peu près au moment où la dent à feuilles caduques a été perdue.

Nous avons également identifié deux autres ensembles d’individus avec plusieurs fossiles: Chagyrskaya C est représenté à la fois par Chagyrskaya 6, une mandibule, et Chagyrskaya 14, une incisive permanente (section1 des informations supplémentaires), comme en témoignent l’ajustement morphologique, les séquences d’ADNmt identiques (y compris une hétéroplasie partagée) et la faible divergence nucléaire (p0= 0,65; intervalle de confiance à 95 %, 0,34–0,78) (Fig.1c, données étendues Fig.3aet tableaux supplémentaires3.2 et 7.1). De même, Chagyrskaya F est représenté à la fois par Chagyrskaya 12 et par le séquençage précédent5 Chagyrskaya 8 (p0= 0,46; intervalle de confiance à 95 %, 0,41 à 0,46) (tableau supplémentaire7.1).

Un homme adulte, Chagyrskaya D, était étroitement lié à plusieurs autres individus du groupe. Nous avons trouvé une relation au premier degré entre lui et Chagyrskaya H, qui est une adolescente (p0= 0,77; Intervalle de confiance à 95 %, 0,72–0,82). Il existe trois combinaisons hommes-femmes possibles pour les parents au premier degré : mère-fils, frère-sœur ou père-fille. Cependant, puisque les deux individus portent des génomes mitochondriaux différents (Fig.1c), nous avons conclu que Chagyrskaya H était la fille de Chagyrskaya D.

De plus, son ADNmt était identique à celui de deux autres mâles, Chagyrskaya C et Chagyrskaya E (tableau supplémentaire3.2), y compris une hétéroplasmie d’ADNmt partagée en position 545 (G>A) avec une fréquence de A de 42 à 54 % pour Chagyrskaya D, de 20 à 41 % pour Chagyrskaya E et de 23 à 30 % pour Chagyrskaya C. Par conséquent, ces personnes étaient probablement des parents maternels proches (par exemple, ils auraient pu partager une grand-mère et donc avoir été des parents au quatrième degré). Cependant, l’étendue de la relation entre Chagyrskaya C et Chagyrskaya D dépasse la résolution de notre approche (p0= 1,05; Intervalle de confiance à 95 %, 0,94–1,16). Chagyrskaya E a une faible couverture (tableau supplémentaire 5.4) et des quantités élevées de contamination humaine et non humaine (tableau supplémentaire5.3). Après correction de la contamination non humaine (tableau supplémentaire7.1), nous avons identifié Chagyrskaya E comme un parent au premier degré ou identique à Chagyrskaya D (p0= 0,64; Intervalle de confiance à 95 %, 0,48 à 0,79). Comme nous ne pouvons pas être sûrs que Chagyrskaya E est un individu distinct, nous avons retiré l’échantillon d’une analyse plus approfondie.

Les relations étroites entre Chagyrskaya C, D et H impliquent qu’ils étaient contemporains. De plus, nous avons constaté que Chagyrskaya A (homme) et L (femme) sont des parents au deuxième degré (p0= 0,85; Intervalle de confiance à 95 %, 0,77 à 0,91). Bien que les données éparses nous aient empêchés de déterminer la relation exacte, elles doivent également avoir vécu près dans le temps (données étendues Fig.3b). La divergence génétique entre chaque groupe d’individus contemporains et les six autres individus Chagyrskaya n’était pas significativement différente les unes des autres (test de somme de rang de Wilcoxon, tous deuxP> 0,26) (tableau supplémentaire7.4). En outre, la paire père-fille contemporaine présentait le plus grand nombre de différences parmi toutes les séquences d’ADNmt, ce qui implique qu’il n’y avait pas de structure temporelle substantielle dans la diversité de l’ADNmt. Prises ensemble, les données ont soutenu l’hypothèse selon laquelle les onze Néandertaliens Chagyrskaya faisaient partie de la même communauté.

Les deux restes d’Okladnikov n’étaient pas liés l’un à l’autre (p0= 1,14; intervalle de confiance à 95%, 0,90-1,38) et non plus lié à un individu de la grotte de Chagyrskaya. En fait, la divergence génétique par paires entre les individus Chagyrskaya était plus faible (p0= 1,0; Intervalle de confiance de 95 %, 0,99–1,02) que celui entre les individus des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov (p0= 1,06; Test de somme de rang de Wilcoxon, P = 8,6 × 10−5) (données étendues fig. 3aet tableau supplémentaire7.3). Cela indique que les Néandertaliens de l’Okladnikov ne faisaient pas partie de la communauté néandertalienne Chagyrskaya représentée par les 11 individus pour lesquels nous avons obtenu de l’ADN. Cependant, l’ADNmt d’Okladnikov B est identique à celui de Chagyrskaya G (Fig.1c). Étant donné que les mutations s’accumulent au fil du temps, l’ADN mt identique entre les individus implique que ces deux individus ont vécu à quelques milliers d’années l’un de l’autre (tableau supplémentaire3.9). En outre, parmi les échantillons d’ADNmt de sédiments précédemment publiés dans la grotte de Chagyrskaya, 2 des 38 échantillons ressemblaient davantage à Okladnikov A qu’à n’importe quel Néandertalien de Chagyrskaya.30. Cela suggère qu’il y avait un certain lien entre les communautés occupant les deux grottes.

Relations avec d’autres populations

Pour explorer comment les individus de Chagyrskaya et d’Okladnikov sont liés aux autres Néandertaliens, nous avons étudié dans quelle mesure ils partagent des variantes nucléotidiques avec les génomes néandertaliens de haute qualité précédemment publiés. Les 13 individus nouvellement séquencés partageaient la plupart des variantes avec le génome à haute couverture de la grotte de Chagyrskaya (Chagyrskaya 8)5et ressemblaient davantage au génome néandertalien vieux d’environ 50 000 ans de la grotte de Vindija (Vindija 33.19)3en Croatie qu’à l’Altaï Néandertal (Denisova 5), vieux de 91 000 à 130 000 ans, de la grotte de Denisova2(données étendues fig.4). Par conséquent, bien que les communautés des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov soient génétiquement distinctes, elles semblent toutes également apparentées aux Néandertaliens européens et faisaient partie de la même population néandertalienne; aucun individu n’a montré de preuve de flux génétique récent provenant d’autres populations néandertaliennes.

Nous avons identifié 5 416 variantes dans la séquence de 6,9 Mb du chromosome Y qui variaient entre les chromosomes Y des sept individus masculins, trois Néandertaliens, deux Denisovans et quatre humains actuels (tableau supplémentaire4.7). Pour trois individus, nous n’avons obtenu que des séquences de faible couverture (0,03 à 0,3 fois), tandis que les quatre autres individus ont donné des couvertures plus élevées (1,75 à 42,2 fois) (tableau supplémentaire4.3).

Nous avons construit un arbre phylogénétique qui incorporait les quatre séquences du chromosome Y à couverture plus élevée de la grotte Chagyrskaya, ainsi que celles de trois autres Néandertaliens, deux Denisovans et quatre humains actuels (Fig.1det Tableau supplémentaire4.7). Chez les Néandertaliens, les quatre séquences de Chagyrskaya forment un clade, mais elles ressemblent davantage à El Sidrón 1253 (Espagne) qu’à Mezmaiskaya 2, géographiquement plus proche (Caucase du Nord, Russie) (Fig.1d). Cette absence de structure géographique est compatible avec une expansion assez rapide des Néandertaliens il y a environ 100 000 à 115 000 ans.30. Les Néandertaliens européens tardifs et les Néandertaliens Chagyrskaya et Okladnikov sont les descendants de cette population.

Le nombre de séquences du chromosome Y récupérées chez les trois individus restants n’était pas suffisant pour construire un arbre phylogénétique, mais à des positions où les chromosomes Y de Néandertal différaient les uns des autres, les trois séquences partageaient plus de variantes dérivées avec les autres chromosomes Y de Chagyrskaya qu’avec d’autres chromosomes Y de Néandertal (tableau supplémentaire4.9).

Sur la base des différences de couverture dans les fenêtres de 10 kilobases (kb), nous avons détecté 3 délétions et 5 duplications (20-2 000 kb et 10-200 kb en taille, respectivement) (tableau supplémentaire4.4) sur les chromosomes Y de Néandertal. La délétion la plus importante a été trouvée dans Mezmaiskaya 2 et couvre le gène codant pour AMELY. Parce que les approches protéomiques utilisent la présence de peptides AMELY pour déterminer si un os provient d’un individu masculin31, les hommes qui portent cette suppression seraient classés à tort comme des femmes en utilisant cette approche (données étendues Fig.5).

L’ADNmt et les chromosomes Y ne suivent que des loci uniques, de sorte que des analyses génétiques autosomiques sont nécessaires pour étudier les détails du flux génétique. Le flux génétique entre les Néandertaliens et les Denisovans dans les montagnes de l’Altaï a été observé dans le génome nucléaire d’un individu (Denisova 11) qui vivait il y a 79 000 à 118 000 ans et avait une mère néandertalienne et un père dénisovien.32. Il a également été estimé que la quantité d’ascendance Denisovan dans Chagyrskaya 8 est d’environ 0,09% et que l’événement de mélange s’est produit 24 300 ± 14 100 ans avant que Chagyrskaya 8 ne vive33. Pour déterminer si le moment du mélange est cohérent chez les autres individus Chagyrskaya, nous avons recherché des parties de leurs génomes qui ressemblent davantage au génome de Denisova qu’aux Néandertaliens de l’Altaï ou de Vindija.33. Avec cette analyse, nous avons identifié 11 segments d’ascendance dénisovienne chez 5 individus Chagyrskaya qui mesurent plus de 0,2 centimorgans (cM) (tableau supplémentaire6.2). Ces segments couvrent 3,2 cM (2,7 Mb), le plus long à 1,5 cM (746 kb) se trouvant dans Chagyrskaya A (Fig.6.2 supplémentaire). Sur la base de la longueur de ces segments, nous estimons que l’événement de mélange s’est produit 30 000 ± 18 000 ans avant la vie des individus Chagyrskaya, ce qui est cohérent avec l’estimation précédente (Fig.6.3 supplémentaire).

La grotte de Denisova était occupée à la fois par les Néandertaliens et les Denisovans à peu près au même moment où les Néandertaliens habitaient la grotte de Chagyrskaya34,35. Cependant, l’industrie des artefacts en pierre de la grotte de Denisova n’a pas les caractéristiques de la variante Sibiryachikha trouvée dans la grotte de Chagyrskaya10. En conséquence, malgré la proximité des deux grottes et la présence d’une progéniture d’une mère néandertalienne et d’un père dénisovien dans la grotte de Denisova quelques dizaines de millénaires avant l’occupation de la grotte de Chagyrskaya25, nous ne trouvons aucune preuve de flux génétique des Dénisoviens vers les Néandertaliens Chagyrskaya au cours des 20 000 dernières années avant la vie des individus Chagyrskaya (section6 des informations supplémentaires).

Inférer l’organisation sociale

Nous avons étudié la communauté et la taille de la population des Néandertaliens Chagyrskaya au fil du temps en utilisant des segments génomiques d’homozygotie de 8 individus (ceux ayant une couverture génomique supérieure à 0,9 fois) (section9 des informations supplémentaires). De longs segments d’homozygotie (supérieurs à 10 cM) chez un individu impliquent que leurs parents partageaient un ancêtre commun très récent il y a une dizaine de générations et faisaient donc probablement partie d’une petite communauté.5,36. En outre, la proportion globale du génome avec des segments de longueur intermédiaire d’homozygotie (2,5–10 cM) est informative de la taille de la population sur une période légèrement plus longue (environ 10–40 générations).

Des analyses antérieures de génomes néandertaliens à couverture élevée des montagnes de l’Altaï ont révélé qu’environ 16,7% du génome de Denisova 5 (réf.2) et 19,3 % du génome de Chagyrskaya 8 (réf.5) présentaient des segments intermédiaires et longs d’homozygotie. Une explication de ces tendances est que leurs parents étaient des parents au deuxième degré.2dans un contexte d’individus non apparentés, auquel cas nous nous attendrions à ce que la plupart des autres individus aient moins de segments homozygotes. Alternativement, ces données pourraient être dues à de petites communautés locales5, auquel cas tous les individus, à l’exception des immigrants récents et de leurs descendants, auraient des segments étendus d’homozygotie.

Chez les 8 individus ayant une couverture suffisante, nous avons observé que 1,6 à 14,9% du génome avait de longs segments d’homozygotie et 9,5 à 20,5% avaient des segments intermédiaires d’homozygotie (Fig.2aet tableau supplémentaire9.2). Nous notons que les deux proportions étaient probablement sous-estimées en raison des difficultés à identifier les séries d’homozygotie à des couvertures plus faibles (tableau supplémentaire9.1). Parce que nous trouvons de grandes quantités d’homozygotie chez tous les individus, nous concluons que la taille de la communauté locale des Néandertaliens Chagyrskaya était petite. La quantité d’homozygotie est également similaire à la quantité trouvée dans les génomes des gorilles de montagne actuels.37(Fig.2b), une espèce en voie de disparition qui vit dans de petites communautés de 4 à 20 individus38, dans lequel il a été observé que les accouplements entre individus apparentés au deuxième degré sont rares39.

Graphique 2
Fig. 2: Diversité génomique des Néandertaliens Chagyrskaya par rapport aux autres hominidés.

Pour approfondir l’organisation sociale des Néandertaliens Chagyrskaya, nous avons comparé la diversité des 11 séquences d’ADNmt héritées par la mère avec les 6 séquences du chromosome Y héritées par le père. Dans une population d’accouplement aléatoire sans processus fondés sur le sexe, le temps de coalescence moyen devrait être le même pour les deux marqueurs uniparentaux. Cependant, le temps de coalescence moyen observé pour le chromosome Y (446 ans ; intervalle de confiance à 95 %, 113–1 116 ans) est significativement inférieur à celui du génome mitochondrial (4 348 ans ; intervalle de confiance à 95 %, 2 043–6 196 ans ; Test de somme de rang de Wilcoxon, P = 4,1 × 10–5). En comparaison avec 47 populations humaines modernes et 10 sous-espèces de grands singes, les Néandertaliens Chagyrskaya ont parmi les ratios les plus bas du temps de coalescence du chromosome Y à l’ADNmt, seuls les gorilles de montagne ayant un rapport plus extrême (Extended Data Fig.6). Nous avertissons que des ratios similaires entre les singes et les Néandertaliens ne signifient pas nécessairement que les communautés ont la même organisation sociale, car il y a de multiples mises en garde. Premièrement, les données sur les grands singes sont très hétérogènes — par exemple, bien que certains grands singes soient nés à l’état sauvage, d’autres sont nés en captivité (c’est-à-dire dans des communautés artificielles) et souvent la taille des échantillons était très petite (tableau supplémentaire8.1). Deuxièmement, plusieurs scénarios différents peuvent conduire à des rapports chromosome-chromosome-mt-ADNmt similaires. Il s’agit notamment des différences dans les générations masculines et féminines, d’une répartition asymétrique de la progéniture chez les hommes (c’est-à-dire qu’un sous-ensemble d’hommes engendre la majorité des enfants) et d’une migration biaisée par les femmes. Pour tester l’importance relative de ces processus, nous avons simulé un grand nombre de combinaisons de ces scénarios, en tenant compte de la diversité des chromosomes Y et de l’ADNmt et de leur rapport aux données observées (section8 des informations supplémentaires). Nous avons approximé la probabilité de chaque scénario en utilisant des simulations comme proportion d’ensembles de données simulés qui se situent dans les intervalles de confiance à 95 % des données observées. Nous avons ensuite utilisé le critère d’information d’Akaike (AIC) pour classer différents scénarios (tableau supplémentaire8.5).

Les scénarios les mieux adaptés (ICE = 6,2) supposaient une collectivité de 20 personnes, 60 à 100 % des femmes étant des migrantes d’une autre collectivité (tableau supplémentaire8.4). Cependant, l’hétéroplasmie partagée entre Chagyrskaya C et Chagyrskaya D suggère qu’au moins certaines femelles sont restées dans le groupe dans lequel elles sont nées. Les scénarios qui ne comprennent que des distributions de progéniture asymétriques expliquent moins bien les données (AIC = 7,4) et nécessitent une grande taille de communauté de 300 individus. Les scénarios avec à la fois des distributions de progéniture asymétriques et des migrations femelles n’améliorent pas l’ajustement (AIC = 8,5) obtenu en supposant uniquement un biais de migration. Les scénarios qui ne comprennent que des différences dans le temps de génération correspondent mal aux données (ICE = 8,5) et nécessitent des paramètres qui semblent irréalistes (par exemple, les femmes devraient être en moyenne deux fois plus âgées que les hommes, tableau supplémentaire8.4). Les estimations précédentes de la taille des communautés néandertaliennes varient de 3 à 60 individus5,16,17,19et, dans cette fourchette, les scénarios les mieux adaptés incluent la migration des femmes (figure supplémentaire 8.4). Ce résultat suggère que la migration biaisée par les femmes a été un facteur majeur dans l’organisation sociale de la communauté néandertalienne Chagyrskaya.

Conclusion

Nous présentons les données génétiques de 13 Néandertaliens, ce qui en fait l’une des plus grandes études génétiques d’une population néandertalienne. Pour la première fois, à notre connaissance, nous documentons les relations familiales entre les Néandertaliens, y compris un couple père-fille.

Le degré élevé d’homozygotie chez tous les individus est similaire à ce que l’on observe chez les gorilles de montagne.40, ce qui correspond aux Néandertaliens de l’Altaï vivant dans de petites communautés. De plus, sur la base du temps de coalescence moyen plus court pour les chromosomes Y que pour l’ADNmt et des variantes d’ADNmt partagées entre les individus de Chagyrskaya et d’Okladnikov, nous suggérons que ces petites communautés néandertaliennes étaient principalement liées par la migration féminine.

Nos résultats soulèvent des questions quant à savoir si les caractéristiques des communautés de l’Altaï sont liées à leur situation géographique isolée à l’extrémité orientale de l’aire de répartition connue des Néandertaliens (en particulier parce que la taille de la population de la grotte de Vindija était probablement plus grande).5), ou s’ils sont caractéristiques des communautés néandertaliennes en général.

Les études futures devraient donc, lorsque cela est possible, viser à échantillonner plusieurs individus de communautés néandertaliennes supplémentaires dans d’autres parties de l’Eurasie pour éclairer davantage l’organisation sociale de nos plus proches parents évolutionnaires.

Méthode

Aucune méthode statistique n’a été utilisée pour prédéterminer la taille de l’échantillon. Les expériences n’ont pas été randomisées et les chercheurs n’ont pas été mis en aveugle lors de l’attribution pendant les expériences et l’évaluation des résultats. Une description détaillée de toutes les analyses effectuées dans le cadre de cette étude est incluse dans lesrenseignements supplémentaires. L’autorisation de travailler sur les spécimens archéologiques a été accordée sur la base d’un accord écrit de coopération scientifique signé en 2018 par l’Institut fédéral d’archéologie et d’ethnographie, la branche sibérienne de l’Académie des sciences de Russie et l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive.

Résumé des rapports

De plus amples renseignements sur la conception de la recherche sont disponibles dans leRésumé des rapports de recherchesur la nature lié à cet article.

Disponibilité des données

Les données brutes de chaque bibliothèque sont disponibles dans les Archives européennes des nucléotides sous le numérod’acquisition PRJEB55327. Les fichiers BAM cartographiés pour tous les spécimens et individus, les fichiers VCF, les séquences d’ADNmt FASTA de consensus et un alignement multiple de tous les ADNmt peuvent être téléchargés à partir dehttp://ftp.eva.mpg.de/neandertal/ChagyrskayaOkladnikov/.

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Remerciements

Nous remercions D. Lucas et C. Logan pour leurs commentaires sur une version antérieure du manuscrit; H. Temming pour la réalisation de tomodensitométries; S. Sawyer et J. Krause, qui ont foré les os de Chagyrskaya 2 et Chagyrskaya 6; R. Schultz pour avoir aidé à récupérer les photographies numériques des échantillons et à télécharger les fichiers de données primaires. V.S. a été financé par la bourse Alon, M.H. a été financé par Marie Skłodowska Curie Action (MSCA-IF-EF-ST LIF, « ORIGIN » no. 844014), S.T. a été financé par le Conseil européen de la recherche Horizon 2020 Programme de recherche et d’innovation subvention « RESOLUTION » (n ° 803147), K.D. a été financé par le Conseil européen de la recherche Horizon 2020 Programme de recherche et d’innovation subvention « FINDER » (n ° 715069), R.G.R. a été financé par la bourse FL130100116 du Conseil australien de la recherche, T.H. a été financé par le Conseil européen de la recherche Septième programme-cadre (FP7/2007-2013) subvention 324139 « PalaeoChron », K.A.K. a été financé par la Fondation russe pour la science, le projet N 21-18-00376, M.T.K. a été financé par le Centre national des sciences, Pologne, subvention 2018/29/B/ST10/00906, B.V. a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines, Canada, subvention Savoir 435-2018-0943. Ce projet a été financé par le Conseil européen de la recherche (convention de subvention n° 694707 à S. Pääbo).

Financement

Financement en libre accès fourni par la Société Max Planck.

Informations sur l’auteur

Auteurs et affiliations
  1. Département de génétique évolutive, Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, Leipzig, AllemagneLaurits Skov, Stéphane Peyrégne, Divyaratan Popli, Leonardo N. M. Iasi, Viviane Slon, Elena I. Zavala, Mateja Hajdinjak, Arev P. Sümer, Steffi Grote, Alba Bossoms Mesa, David López Herráez, Birgit Nickel, Sarah Nagel, Julia Richter, Elena Essel, Marie Gansauge, Anna Schmidt, Petra Korlević, Janet Kelso, Matthias Meyer, Svante Pääbo & Benjamin M. Peter
  2. Centre européen de recherche et d’enseignement en géosciences de l’environnement (CEREGE), Aix-Marseille Université, CNRS, IRD, INRAE, Collège de France, Aix-en-Provence, FranceThibaut Devièse
  3. Département d’anatomie et d’anthropologie Sackler, Faculté de médecine, Université de Tel Aviv, Tel Aviv, IsraëlViviane Slon
  4. Le Centre Dan David pour l’évolution humaine et la recherche en biohistoire, Université de Tel Aviv, Tel Aviv, IsraëlViviane Slon
  5. Département de génétique moléculaire humaine et de biochimie, Faculté de médecine Sackler, Université de Tel Aviv, Tel Aviv, IsraëlViviane Slon
  6. The Francis Crick Institute, Londres, Royaume-UniMateja Hajdinjak
  7. Wellcome Sanger Institute, Hinxton, Royaume-UniPetra Korlević
  8. Oxford Radiocarbon Accelerator Unit, Laboratoire de recherche pour l’archéologie et l’histoire de l’art, Université d’Oxford, Oxford, Royaume-UniDaniel Comeskey
  9. Institut d’archéologie et d’ethnographie, Académie des sciences de Russie, Novossibirsk, RussieAnatoly P. Derevianko, Aliona Kharevich, Sergey V. Markin, Andrey I. Krivoshapkin & Kseniya A. Kolobova
  10. Département de chimie G. Ciamician, Alma Mater Studiorum, Université de Bologne, Bologne, ItalieSahra Talamo
  11. Département de l’évolution humaine, Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, Leipzig, AllemagneSahra Talamo
  12. Département d’anthropologie évolutionniste, Faculté des sciences de la vie, Université de Vienne, Vienne, AutricheKaterina Douka et Thomas Higham
  13. Département d’archéologie, Institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine, Iéna, AllemagneKaterina Douka
  14. Évolution humaine et sciences archéologiques Forschungsverbund, Université de Vienne, Vienne, AutricheKaterina Douka et Thomas Higham
  15. Institut des sciences géologiques, Académie polonaise des sciences, Varsovie, PologneMaciej T. Krajcarz
  16. Centre for Archaeological Science, School of Earth, Atmospheric and Life Sciences, Université de Wollongong, Wollongong, Nouvelle-Galles du Sud, AustralieRichard G. Roberts
  17. Australian Research Council (ARC) Centre of Excellence for Australian Biodiversity and Heritage, Université de Wollongong, Wollongong, Nouvelle-Galles du Sud, AustralieRichard G. Roberts
  18. Département d’anthropologie, Université de Toronto, Toronto, Ontario, CanadaBence Alto
Contributions

L.S., S. Pääbo et B.M.P. ont conçu l’étude. A.P.D., A.K., S.V.M., A.I.K. et K.A.K. ont recueilli des échantillons. T.D., V.S., M.H., B.N., S.N., J.R., E.E., M.G., A.S., P.K., D.C., S.T., T.H. et B.V. ont effectué des expériences et/ou des analyses en laboratoire. L.S., S. Peyrégne, D.P., L.N.M.I., T.D., V.S., E.I.Z., M.H., A.P.S., S.G., A.B.M., D.H.L., D.C., A.P.D., A.K., S.V.M., S.T., K.D., M.T.K., R.G.R., T.H., B.V., A.I.K., K.A.K. et B.M.P. ont effectué des analyses. L.S., S. Peyrégne, D.P., L.N.M.I., T.D., V.S., E.I.Z., M.H., A.P.S., A.B.M., D.H.L., S.T., K.D., M.T.K., R.G.R., T.H., B.V., A.I.K., K.A.K., J.K., M.M., S. Pääbo et B.M.P. ont écrit le manuscrit avec la contribution de tous les auteurs. A.P.D., A.K., S.V.M., K.D., M.T.K., R.G.R., T.H., B.V., A.I.K. et K.A.K. ont fourni un contexte et une interprétation archéologiques, stratigraphiques et géochronologiques.

Auteurs correspondants

Correspondance avecLaurits SkovouBenjamin M. Peter.

Déclarations éthiques

Conflits d’intérêts

Les auteurs ne déclarent aucun intérêt concurrent.

Examen par les pairs

Renseignements sur l’examen par les pairs

Natureremercie Krishna Veeramah, Katharine MacDonald et les autres examinateurs anonymes pour leur contribution à l’examen par les pairs de ce travail. Les rapports des pairs examinateurssont disponibles.

Informations complémentaires

Note de l’éditeur Springer Nature reste neutre en ce qui concerne les revendications juridictionnelles dans les cartes publiées et les affiliations institutionnelles.

Figures et tableaux de données étendus

A, Carte de localisation des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov dans la région de l’Altaï au sud de la Sibérie. Vue sur leB, entrée nord de la grotte Chagyrskaya etC, entrée sud de la grotte Okladnikov.

A, Distribution spatiale des restes néandertaliens. La zone excavée est représentée en gris et la ligne bleue (transect A-B) marque la position du profil stratigraphique indiqué enB. Les carrés colorés et les ellipses désignent des restes de Néandertal situés avec des coordonnées exactes ou dans les zones circonscrites, respectivement, et sont annotés avec le(s) numéro(s) fossile(s) correspondant(s). B, profil stratigraphique le long du transect A–B dansA. Les emplacements des restes de Néandertal sont projetés orthogonalement sur ce profil, de sorte que chaque fossile n’est pas nécessairement représenté dans l’unité stratigraphique à partir de laquelle il a été récupéré.

A, Les points montrent les différences moyennes par paires (axe des y) entre deux restes (normalisées par la différence médiane entre toutes les paires de restes). Les restes qui ont été identifiés comme des parents identiques, au premier degré et au deuxième degré sont nommés (l’axe des x montre le premier fossile et le nombre indique le second reste). Les barres d’erreur sont des intervalles de confiance à 95 % pour 100 estimations bootstrap des différences moyennes par paires. Les lignes horizontales indiquent la différence normalisée attendue pour les personnes identiques, les relations au premier degré, les relations au deuxième degré et les personnes non apparentées.27B, Chaque cercle/carré représente un individu (bleu pour Chagyrskaya, orange pour Okladnikov) et les petits cercles blancs indiquent quels restes proviennent de cet individu. Le cercle noir pourChagyrskaya 8indique que la séquence génomique de cet os a déjà été publiée. Les carrés indiquent que l’individu est un homme et les cercles indiquent que l’individu est une femme. Les individus qui sont des parents au premier degré, des parents au deuxième degré ou qui partagent des hétéroplasmies sont marqués.

Le centre de la barre d’erreur montre la statistique D de la formeD((Denisova 5/Vindija33.19),Chagyrskaya 8; Test, Chimpanzé) et les barres d’erreur sont les intervalles de confiance à 95 % correspondants calculés pour 643 472 SNP à l’aide d’un jackknife de bloc pondéré et d’une taille de bloc de 5 Mo. Points avec | Score Z| > 2 sont annotées d’un astérisque. La ligne verticale pointillée est à D = 0. Notez que Chagyrskaya F est le même individu queChagyrskaya 8etVindijaG1est le même individu queVindija 33.19.

Délétion de 1,8 Mo de séquence sur le chromosome Y deMezmaiskaya 2 (panneau inférieur, gris clair) par rapport àChagyrskaya D (panneau supérieur, pas de délétion). L’axe horizontal montre la position génomique sur le chromosome Y et l’axe vertical montre la couverture en bins de 10 kb, normalisée par la couverture moyenne à l’échelle du chromosome. Les couleurs des bacs indiquent les classes de régions sur le chromosome Y de référence humain, les régions plus foncées indiquant la couverture par le réseau de capture du chromosome Y. Les barres noires indiquent des gènes codants connus.

Les cercles noirs indiquent les estimations moyennes pour chaque population et les barres d’erreur sont les intervalles de confiance correspondants à 95 % en utilisant 100 itérations bootstrap. Les valeurs négatives indiquent une diversité du chromosome Y inférieure à celle de l’ADN mitochondrial (mt).Tableau de données étendu 1 Restes de Néandertal provenant des grottes de Chagyrskaya et d’Okladnikov inclus dans cette étude pour analyse de l’ADN ou14Rencontres CTable pleine grandeur

Renseignements supplémentaires

Une description détaillée de toutes les analyses effectuées dans le cadre de cette étude est fournie dans les sections 1 à 10 des renseignements supplémentaires, les figures supplémentaires 1 à 42, les tableaux supplémentaires 1 à 44 et les références supplémentaires.

Toutes les informations sur le séquençage des bibliothèques, y compris le traitement et la complexité des bibliothèques et les estimations de contamination.

Libre accès Cet article est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International, qui autorise l’utilisation, le partage, l’adaptation, la distribution et la reproduction sur tout support ou format, à condition que vous donniez le crédit approprié au(x) auteur(s) original(s) et à la source, fournissez un lien vers la licence Creative Commons et indiquez si des modifications ont été apportées. Les images ou autres éléments de tiers contenus dans cet article sont inclus dans la licence Creative Commons de l’article, sauf indication contraire dans une ligne de crédit du matériel. Si le matériel n’est pas inclus dans la licence Creative Commons de l’article et que votre utilisation prévue n’est pas autorisée par la réglementation légale ou dépasse l’utilisation autorisée, vous devrez obtenir l’autorisation directement du détenteur des droits d’auteur. Pour afficher une copie de cette licence, visitezhttp://creativecommons.org/licenses/by/4.0/.

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Skov, L., Peyrégne, S., Popli, D.et al. Aperçu génétique de l’organisation sociale des Néandertaliens. Nature610, 519-525 (2022). https://doi.org/10.1038/s41586-022-05283-y

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  • Reçu21 février 2022
  • Accepté26 août 2022
  • Publié19 octobre 2022
  • Date d’émission20 octobre 2022
  • Doihttps://doi.org/10.1038/s41586-022-05283-y
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Les Etrusques - documentaire

Publié le 2 Juillet 2022 par Bernard Giusti dans Anthropologie, Histoire, Vidéos

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LES SORCIERS D'ALBENG AR

Publié le 18 Juin 2022 par Bernard Giusti dans Anthropologie, Histoire

LES SORCIERS D'ALBENG AR
Pour les connaître, nous devons voyager dans le nord de l'Italie, plus précisément San Calocero à Albenga. Là-bas, une équipe de l'Institut papal d'archéologie chrétienne du Vatican a effectué des travaux d'excavation dans le cimetière près de l'ancienne église du Vème siècle.
Stefano Roascio, directeur des fouilles, parle des frissons qui ont secoué toute l'équipe quand l'une des tombes a commencé à creuser et a trouvé le corps d'une fille, datant (en attendant les résultats d'un test au radiocarbone), pointe vers le début du moyen-âge.
La particularité de cette affaire est qu'elle a été enterrée face contre terre. Pour Roascio, enterrer un tel corps était un moyen pour la communauté de punir les membres religieusement irrespectueux ou considérés comme surnaturellement dangereux. « Les enterrer à l'envers était censé les empêcher de revenir à la surface après leur mort et de terroriser les vivants », dit-il.
L'anthropologue Elena Dell przez note que l'enterrement de cette jeune fille de 13 ans (que la presse italienne a bientôt baptisée comme une "sorcière") est lié à une croyance médiévale selon laquelle quand on meurt, l'âme sort de la bouche. Il prétend connaître plusieurs enterrements médiévaux dans lesquels le corps est enterré avec une brique pressée entre les dents.
Par exemple, c'était comme ça dans le cas des enterrements de vampires en Pologne - "Funérailles anti-vampires en Pologne"
Un examen médico-légal plus détaillé a détecté une hyperstose porotique (os excessivement spongieux) dans le crâne et les obiles et a identifié la cause de la mort de la fille : anémie grave causée par ou une carence en fer complète chez son enfant, avec gommage ou fr om une maladie congénitale du sang comme la thalassémie. Le début du Moyen-Âge, une période difficile sur laquelle l'archéologie éclaire peu à peu.
Un autre, cette fois-ci un squelette de charbon d'une adolescente, a été trouvé dans le complexe archéologique de San Calocero (près de la ville d'Albenga) dans la province de Ligurie. Les découvertes ont été faites par la même équipe d'archéologues de l'Académie papale d'archéologie du Vatican sous la direction du Dr Philippe Pergola. Selon les chercheurs, un squelette carboné et un fond profond recouvert de pierres indiquent que la fille aurait pu être considérée comme une "sorcière".
Elle a d'abord été brûlée sur une pile puis enterrée. La fille brûlée était estimée à environ 144 pouces de haut (4,75 pieds) et avait environ 15-17 ans. Cependant, les archéologues ont du mal à déterminer exactement qui était la fille, d'où elle venait, ni quand et où elle a été brûlée pour être une prétendue « sorcière ». "
On estimait initialement qu'il avait été brûlé entre les XV et XV siècles, mais peut-être que des recherches détaillées utilisant la méthode de datation au radocarbone aideront à en déterminer plus.
« Nous ne savons pas si elle a été brûlée vive ou si elle n'était plus en vie. « Le feu a englouti son corps alors que les tissus mous étaient encore présents, donc il aurait pu se produire peu de temps avant ou peu après sa mort », affirme l'anthropologue Elena Dell Og.
La fille a été enterrée assez rapidement et recouverte de pierres.
"La fille vient d'être jetée par terre. « C'était posé à la verticale et son menton était tellement arrangé qu'il a touché le pont », poursuit Dellù.
L'analyse préliminaire du squelette a montré qu'elle avait des signes de croissance des tissus osseux sur son crâne, causée par une carence en fer ainsi qu'une carence en émail dentaire, qui montre des symptômes de malnutrition infantile. Les chercheurs prévoient de faire des tests ADN pour déterminer s'ils ont été brûlés à ce moment-là. De plus, d'autres explorations de la région sont prévues ici.
✨Exploration Antolak✨
LES SORCIERS D'ALBENG AR

Source : Paweł Antolak

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Les fouilles de Sanxingdui interrogent les origines de la civilisation chinoise

Publié le 18 Juin 2022 par Bernard Giusti dans Anthropologie, Histoire

Les fouilles de Sanxingdui interrogent les origines de la civilisation chinoise

17 juin 2022

 

On fait souvent le constat que la Chine semble avoir du temps, un temps illimité. Mais ce temps qui recule sans cesse dans le passé est aussi celui de ces découvertes qui relient les royaumes considérés comme légendaires à l’histoire réelle d’un monde chinois. Un trésor antique révèle des liens profonds entre le mystérieux royaume Shu et d’autres lieux chinois anciens. Des milliers de reliques mêlant l’or, le bronze, le jade et l’ivoire ont été trouvées, toutes liées à des activités sacrificielles mais le plus important est le mélange des provenance qui suggèrent un royaume à l’influence plus étendue, c’est cette idée d’une aire plus étendue que ce qui est considéré dans le fleuve jaune comme le berceau de la Chine qui provoque l’excitation des archéologues en rebattant les cartes de la connaissance. (note de danielle bleitrach pour histoireetsociete)

Publié le : 15/06/2022 – 19:12

 

Un masque en bronze est exposé au musée de Sanxingdui, dans la province de Sichuan, en Chine. © Zhang Lang/China News Service/Getty Images

Texte par :Stéphane Lagarde

C’est l’une des découvertes archéologiques parmi les plus importantes du XXIe siècle. De nouveaux bronzes ont été retrouvés dans les ruines de Sanxingdui, au sud-ouest de la Chine. Les archéologues sont sur les traces d’une dynastie jusqu’alors inconnue. Un ancien royaume, dont l’existence viendrait conforter la thèse d’une civilisation chinoise aux origines multiples. 

De notre correspondant en Chine et Louise May du bureau de RFI à Pékin 

Parmi les 13 000 objets retrouvés récemment à Sanxingdui, celui dont on parle le plus est une grille carapace de tortue en bronze torsadé découverte dans la fosse sacrificielle numéro 7. Pourquoi la tortue ? Parce qu’on n’avait jamais vu ça avant. Et c’en est fascinant ! « Révolutionnaire » même, nous dit Li Haichao, joint à son université du Sichuan, dans le sud-ouest du pays. Le professeur Li est co-responsable du chantier de fouille et notamment des recherches sur la tombe numéro 7 (lire l’entretien complet en encadré).

Un ancien royaume oublié

« Dans le passé, nous avons trouvé notamment des figures humaines sur le site : des têtes en bronze, des grands visages allongés ainsi que nombreux vases. Mais tout cela fait partie de ce que nous savions déjà sur cette époque. Ce n’est pas le cas de la tortue et du processus pour la fabriquer. »

Cette tortue ou vaisseau sacrificiel aux quatre poignées à tête de dragon, était probablement recouvert de soie au moment de l’offrande, selon l’agence Chine Nouvelle. Un quart des objets retrouvés sur le site de Sanxingdui sont intacts et mèneraient à la piste de l’ancien royaume des empereurs Shu, il y a 4 500 ans, dont il n’existe pas de traces écrites. Seuls ces objets façonnés par l’homme, il y a plus de 3 000 ans, témoigneraient de l’existence de cette dynastie inconnue qui a produit des figures de guerriers aux grandes oreilles, au nez proéminent et aux grands yeux énigmatiques, dont la plus remarquée porte un masque en or. D’autres statues représentent un serpent à tête humaine, ou encore un dragon au nez de cochon. « Les sculptures sont très complexes et imaginatives, représentant un monde mystique imaginé par les gens à cette époque »,souligne Zhao Hao, professeur à l’université de Pékin et responsable de la fouille de la tombe numéro 8 de Sanxingdui, cité par le South China Morning Post.

Civilisation du fleuve Jaune

Selon certains experts, « le style sculptural développé par les artisans de Sanxingdui et leur expertise technique se distinguent des autres formes d’art chinois de la même époque, notamment celles de la dynastie Shang (1570-1045 avant notre ère). Pourtant, certains artefacts puisent leurs racines dans des objets de l’époque néolithique chinoise, ce qui contredit l’idée que la civilisation chinoise a comme unique origine le fleuve Jaune », note le Vent de la Chine. Une découverte qui ouvre le champ des origines de la civilisation chinoise. L’histoire de la Chine ne serait plus unique, mais multiple. « Cela nous rappelle que les connaissances doivent être constamment mises à jour », estime le journal Guancha, qui s’inquiète du manque d’archéologues dans une Chine où les villes ont poussé plus vite que les forêts, entraînant la multiplication des chantiers de fouilles ces trois dernières décennies.

► À lire aussi : L’oiseau de Lingjing, la plus ancienne œuvre d’art chinoise

Les fouilles de Sanxingdui interrogent les origines de la civilisation chinoise

RFI : Quelle est la découverte la plus remarquable dans ces plus de 13 000 nouveaux artefacts découverts à Sanxingdui ?   

Li Haichuo : L’une des découvertes les plus intéressantes aujourd’hui est la transenne représentant le dos d’une tortue dans la fosse numéro 7. C’est un artefact important, car on en n’a, jusqu’à présent, jamais trouvé de semblable à Sanxingdui, ni même dans toute l’histoire de l’ère du bronze chinois. Il s’agit d’un objet composite en bronze et jade, avec une grille en bronze à l’extérieur et une structure symétrique en haut et en bas, formant un espace en forme de boîte. La boîte contient elle-même un morceau de jade de grande taille très bien conservé, ce qui, là aussi, est une première. Cet objet remet en cause nos connaissances et nous amène à réécrire cette époque. Quant à la fonction exacte du coffre ? Pour instant, c’est encore un mystère.

Que nous disent ces objets ? 

Ces artefacts, ces reliques nous racontent une ancienne cité fortifiée, qui s’étend sur plus de 10 km2. La découverte remonte à 1929. Un fermier creusait une tranchée. Il est tombé sur un tas de récipients en jade, en cuivre et en pierre. Les fouilles se sont interrompues de très longues années avant de reprendre dans les années 1980 à la suite de la découverte de deux fosses artificielles. Depuis, plus de 50 000 objets ont été découverts à Sanxingdui : des sculptures de grands visages en bronze, il y a aussi de nombreux récipients en bronze, des coupes et des jarres pour le vin. Mais pour revenir à la tortue, si nous trouvons une figure humaine en bronze, c’est bien, mais elle fait déjà partie de nos références. Alors que la forme et la fonction de la transenne de la carapace de la tortue demande de mettre à niveau nos connaissances encore une fois.

Les fouilles de Sanxingdui interrogent les origines de la civilisation chinoise

La boîte mystérieuse a des poignées en forme de tête de dragon… 

Oui. Et il n’est pas facile de dire exactement quels sont les attributs du dragon. Ce n’est que dans une histoire plus récente que se fait la connexion entre le dragon et l’empereur, dans l’esprit des artisans de la cour en Chine. On pourrait imaginer que la tortue est une sorte de vaisseau en forme de grille à dos de tortue, dont nous supposons maintenant qu’il a eu quatre têtes de dragon, mais dont seulement deux sont conservés. Et nous ne savons pas exactement quel rôle ce dragon a joué dans l’esprit des habitants de Sanxingdui. Mais nous pouvons voir que de nombreux objets sont décorés avec des représentations de dragon, grandes et petites, comme la statue à tête de tigre dans la tombe numéro 8.

Les fouilles de Sanxingdui interrogent les origines de la civilisation chinoise

À quand remontent ces artefacts ? 

Les fosses sacrificielles de Sanxingdui sont pour l’instant datées de la fin de dynastie Shang (1200-1046 avant notre ère) qui s’est développée depuis les plaines centrales de la Chine, le long du fleuve Jaune. Nous parlons pour l’instant de « culture Sanxingdui », mais il n’y a aucun indice clair quant à savoir si les habitants de Sanxingdui constituaient une communauté à part entière, voire une nation et quel type de relations ils entretenaient avec les Chinois des plaines centrales. Mais il reste beaucoup de choses à découvrir. L’exploration du site en plusieurs phases va se poursuivre au moins jusqu’à la fin de cette année.

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« L’Homme dragon » pourrait être l’un de nos plus proches parents

Publié le 15 Juin 2022 par Bernard Giusti dans Anthropologie

« L’Homme dragon » pourrait être l’un de nos plus proches parents

Proposé à un musée il y a trois ans, le « crâne de Harbin » a récemment fait l’objet d’analyses poussées. D’après ces travaux, il représente une espèce humaine nouvellement découverte nommée Homo longi (ou « Homme dragon »). Sa lignée serait très proche de la nôtre.

En 2018, un fermier chinois s’est rendu au musée de l’université Hebei GEO pour faire un don un peu particulier : un crâne humain géant. Il s’agissait du plus grand crâne jamais répertorié dans le genre Homo. La famille de ce fermier, soupçonnant que ce fossile devait être important, mais ne sachant pas trop quoi en faire, le cachait dans un puits depuis sa découverte dans les années 1930 sur le chantier de construction d’un pont ferroviaire à Harbin.

Au cours de ces dernières années, l’équipe d’anthropologues du musée s’est donc attelée à analyser cette incroyable pièce fossile. Ces travaux approfondis ont abouti à trois études distinctes publiées cette semaine dans la revue The Innovation (ici, ici et ici).

Une espèce distincte ?

Ces analyses ont daté le crâne a au moins 146 000 ans. Les chercheurs ont également utilisé la fluorescence X pour comparer la composition chimique du crâne avec celle d’autres fossiles de mammifères de la même époque découverts dans la région riveraine de Harbin. Ces résultats étaient très similaires.

Une analyse des éléments de terres rares provenant de petits morceaux d’os dans la cavité nasale du crâne correspondait également à ceux des restes humains et mammifères de la région de Harbin trouvés dans des sédiments datés de 138 000 à 309 000 ans. Enfin, l’analyse des rapports d’isotopes de strontium dans les sédiments coincés à l’intérieur de la cavité nasale du crâne s’est également rapprochée de ceux isolés dans une carotte forée près du pont où le crâne aurait été découvert.

Ainsi, sur la base de ces résultats, nous pourrions donc effectivement croire que ce crâne a bel et bien été retrouvé dans cette région. Ces analyses étaient indispensables, aussi honnêtes qu’aient été les informations proposées par ce fermier chinois.

L’analyse du crâne montre qu’il était également capable d’abriter un cerveau de taille similaire à Homo sapiens. Pour le reste, c’est un peu plus archaïque. Au total, l’équipe a comparé six cents caractéristiques morphologiques différentes à travers une sélection de quelque 95 crânes et mandibules humains variés. Sur la base de toutes ces caractéristiques, les auteurs soulignent que cet individu se distingue des autres espèces connues.

 

De gauche à droite : l’homme de Pékin (Homo erectus), Maba (Homo heidelbergensis) et des fossiles plus difficiles à classer, notamment Jinniushan, Dali et le crâne de Harbin. Crédits : Kai Geng

De gauche à droite : l’homme de Pékin (Homo erectus), Maba (Homo heidelbergensis) et des fossiles plus difficiles à classer, notamment Jinniushan, Dali et le crâne de Harbin. Crédits : Kai Geng

« Nous avons retrouvé notre lignée sœur perdue depuis longtemps »

Aussi, d’après ces travaux, il y aurait eu trois lignées principales d’humains évoluant à cette époque, chacune descendant d’un ancêtre commun : H. sapiens , H. neanderthalensis et H. longi (l’Homme dragon). Les chercheurs vont même plus loin, suggérant que H. longi pourrait être phylogénétiquement plus proche de H. sapiens que ne le sont les Néandertaliens.

« La découverte du crâne de Harbin et nos analyses suggèrent qu’il existe une troisième lignée d’humains archaïques [qui] vivait autrefois en Asie et cette lignée a [une] relation plus étroite avec H. sapiens qu’avec les Néandertaliens », explique en effet Xijun Ni, principal auteur de ces travaux. « Nous avons retrouvé notre lignée sœur perdue depuis longtemps« .

Si l’on en croit ces dires, le crâne de Harbin aurait donc le potentiel de réécrire des éléments majeurs de l’évolution humaine. Naturellement, une telle revendication ne manquera pas de susciter le scepticisme et de nombreux débats chez les anthropologues.

Toujours est-il que l’émergence récente de cet « Homme dragon », un individu probablement très grand et puissant, ajoute une autre pièce intrigante au puzzle chinois du Pléistocène moyen. Il rejoint un certain nombre d’autres fossiles ayant possiblement fait la transition entre H. Erectus et H. sapiens mais qui résistent à toute identification claire et définitive jusqu’à présent.

 

Source :  https://sciencepost.fr/homme-dragon-plus-proches-parents-homo-sapiens/?fbclid=IwAR2YDUO4Qd6-0gylY1_XnhsuyVAmXquW_jQPkhJ5kPFRRAdYPrPiXJgfFxA

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