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  le blog de Bernard Giusti

Articles littéraires (romans, nouvelles, poésies, essais, sciences humaines) ) politiques et syndicaux

Bienvenue sur mon blog !

Publié le 5 Février 2023 par Bernard Giusti dans bernardgiusti

 

Bien que ce blog ait été créé il y a déjà plusieurs années, je n'ai jamais eu beaucoup de temps pour le garder à jour.

Je m'y suis attelé, et je l'étoffe petit à petit, à la fois avec des publications anciennes et avec de nouvelles publications dues notamment à des rencontres heureuses au fil des jours.

Le Blog va donc se développer peu à peu.

Merci de votre visite, et surtout, n'hésitez pas : abonnez-vous !

Bernard Giusti

 

Présentation :

http://bernardgiusti.over-blog.com/preview/3fb19c5491417151a2d8b93752d889ea5b226d3f

 

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"Femmes inspirantes" de Sarah Mostrel

Publié le 18 Décembre 2024 par Bernard Giusti dans Critiques, Histoire, Ma bibliothèque, bernardgiusti

"Femmes inspirantes" de Sarah Mostrel

Journaliste, écrivain, ingénieure, chanteuse, peintre, photographe et poète, nul doute que Sarah Mostrel se soit largement inspirée des femmes exceptionnelles qu’elle recense dans cet ouvrage !

Bien sûr toutes n’y sont pas, toutes ne pouvaient y être, parce que trop nombreuses elles ne pourraient trouver leur place que dans une encyclopédie exhaustive. Trop nombreuses aussi parce que les mentalités ont (lentement) évolué et qu’aujourd’hui la place des femmes dans l’Histoire est enfin, fort heureusement, de plus en plus reconnue et divulguée.

Sarah Mostrel a aussi fait le choix de mettre en avant des femmes qui ont dû lutter contre les contraintes sociales et les mentalités archaïques de leur temps, chacune à leur manière, pour parvenir à briser leurs entraves et à s’inscrire pleinement dans le champ social et culturel. Telles par exemple Artemisia Gentileschi (mais pas Bettisia Gozzadini qui fut professeur à l’Université de Bologne 300 ans plus tôt), ou encore Rosa Luxemburg et Marie Curie.

Autre choix de l’auteur : toutes les femmes retenues sont issues de la sphère occidentale, de l’Antiquité à nos jours.

Écrit dans un style agréable et parfaitement maîtrisé, l’ouvrage de Sarah Mostrel composé de courtes biographies, se lit d’une traite et constitue en fin de compte un plaidoyer efficace pour l’égalité des sexes.

A lire !

 

Bernard Giusti

 

Femmes inspirantes, Sarah Mostrel, éd. Non Nobis, 2023, 260 pages, 14 euros

 

4e de couverture :

« Elles ont révolutionné la pensée, été un modèle pour nos contemporains. D’Olympe de Gouges à Simone Veil en passant par Rosa Parks, Marie Curie ou Suzanne Valadon, elles ont participé à l’émancipation du genre féminin, lui ouvrant la voie en matière de politique, de science ou d’art. Défenseuses des droits fondamentaux, humanistes, ces femmes inspirantes, pionnières de la première heure, incarnent la liberté, l’égalité et un fort sens de la justice. Valeurs reprises par des leaders actuels et des anonymes, heureux de prendre exemple sur ces remarquables précurseures… Exploratrices, ambassadrices, vouant leur vie à un idéal, ces aventurières se sont démarquées par leur goût du risque et le courage de s’affirmer en bousculant une société qui ne leur laissait souvent pas de place. Entretenir leur mémoire, rappeler leurs révolutions, c’est ce que s’applique ici à faire Sarah Mostrel, journaliste et écrivain. Vivre la vie dont on rêve, accepter « la grande aventure d’être soi » (Simone de Beauvoir) n’est-il pas le plus bel adage ? »

 

 

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Le bonheur, ou l’art d’être heureux par gros temps - Jean Salem

Publié le 12 Octobre 2024 par Bernard Giusti dans Philosophie, Critiques, Ma bibliothèque, sciences humaines, bernardgiusti

Le bonheur, ou l’art d’être heureux par gros temps - Jean Salem

Une approche marxiste du bonheur

 

Paru en 2006, l’ouvrage de Jean Salem(1) reste d’une étonnante actualité et vise à répondre à la question : le bonheur est-il praticable en ces temps de catastrophe ? En cette période dominée par le capitalisme sauvage (mais peut-il être autre chose que sauvage) ?

Les philosophes de tous temps sont au moins d’accord sur une chose : nous tendons tous au bonheur, à une situation qui nous procure un maximum de plaisir et un minimum de déplaisir (Freud). Pour Epicure « Il faut méditer sur ce qui procure le bonheur puisque, lui présent, nous avons tout, et que, lui absent, nous faisons tout pour l’avoir(2) ». C’est là ce que les Anciens appelaient le souverain bien, et c’est ce qui sous-tend toutes nos actions individuelles.

 

Nous vivons aujourd’hui, en 2024, une période particulièrement instable et incertaine, tant sur le plan économique que politique, en pleine réorganisation des équilibres mondiaux, et donc avec un capitalisme exacerbant les conflits et les guerres, et menant notamment une offensive généralisée contre les travailleurs. La lutte des classes apparaît dans toute sa réalité, partout et à tous les niveaux. Pourtant beaucoup, alors qu’ils sont attaqués de toutes parts, baissent les bras, renoncent aux luttes et abandonnent leur rêve d’une société basée sur la solidarité et le partage équitable des richesses, alors que le combat semble plus que jamais nécessaire. Bref, beaucoup semblent renoncer à l’instauration des conditions objectives propices au bonheur.

C’est que Le capitalisme, désormais, nous ménage un monde dans lequel le rêve de bonheur dépassant la satisfaction des pulsions individuelles semble exclu, sauf à être singé par son succédané paléo-cervical : la pensée magique (« Disneyland ou l’utopie totalitaire : il faut choisir » semble-t-on nous dire à l’oreille) ; un monde qu’aucun autre n’est censé pouvoir remplacer [..].(3)

Dès lors, que devient l’idée même de bonheur dans un monde où tout espoir de changement de système paraît hors de portée, où cet espoir lui-même est relégué au musée des dinosaures par l’intelligentsia de la bourgeoisie dominante post-soixante-huitarde ? C’est ce à quoi l’auteur va tenter de répondre dans une magistrale démonstration.

 

D’emblée, Jean Salem pose les jalons de sa réflexion (qu’il présente comme une « promenade érudite ») : son « fil rouge » sera le matérialisme, et son point de départ le matérialisme antique, avec Démocrite ou Epicure et son disciple romain Lucrèce. A partir de cette ligne directrice, Jean Salem va puiser au fil des siècles  ses arguments chez un grand nombre d’auteurs : Tolstoï, Maupassant, Villiers de l’Isle Adam, Freud, Tchekhov, Montaigne, Descartes, La Mettrie, Diderot, Nietzche, Feuerbach, Spinoza, et bien d’autres encore.

S’appuyant sur une citation de Saint-Just, « Le bonheur est une idée neuve en Europe » (1797), l’auteur précise sa position puisque l’idée de bonheur y est liée à la Révolution : le bonheur individuel doit être pensé dans le cadre d’un idéal collectif et d’une action politique.

Pour autant la dimension individuelle du bonheur est loin d’être négligeable dans cet ouvrage et une part importante lui est consacrée. Car si le bonheur ne peut être envisagé sans sa dimension collective, sa réalité ne prend sens que dans la conscience individuelle, dans une dialectique permanente entre la pensée et l’action.

A une époque où on nous rebat les oreilles du prétendu triomphe de l’individualisme (pour mieux nous faire oublier sans doute « l’utopie » d’un changement de système), Jean Salem nous rappelle qu’on ne saurait être heureux sans les autres, que la construction du bonheur nécessite un but et une volonté, et qu’aucun bonheur individuel ne saurait perdurer dans un contexte défavorable.

 

« Alors quelle posture adopterons-nous sous un firmament que n’éclairent plus […] « les consolants fanaux du vieil espoir »(4) dans les espaces infinis que n’illuminent plus les fables de la religion ni la promesse d’une éternelle survie dans l’au-delà ?(5) »

Sauf à nous lamenter inutilement sur l’inéluctabilité du néant qui nous attend, souvenons-nous que « C’est l’espoir qui nous mobilise et c’est encore l’espoir qui nous fait gagner les combats(6) », et que, comme le stipule l’éditeur, le bonheur est dans l’action, dans la résistance, dans le bonheur de lutter, en cette époque qui finira bien par s’achever, et que nous espérons très vivement avoir le bonheur d’enterrer(7).

De nombreux auteurs, dont Goethe, ont souvent insisté sur le fait que l’important c’est le chemin, aussi continuons notre route vers notre idéal d’une société égalitaire. Car Pablo Neruda nous rappelle que : « nous avons le droit d’être heureux, à condition que nous ne fassions qu’un avec nos peuples dans le combat pour le bonheur […] »(8)

 

Bernard Giusti

 

Jean Salem Le bonheur, ou l’art d’être heureux par gros temps, Bordas, 2008, 284 pp.

 

Je conseille de compléter la lecture de cet ouvrage passionnant par celle de l’ouvrage de Valère Staraselski, Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon(9), qui notamment redéfinit efficacement les enjeux de nos combats dans le cadre de la lutte des classes.

  1. Jean Salem, né le 16 novembre 1952 à Alger et mort le 13 janvier 2018 à Rueil-Malmaison, est un philosophe communiste français spécialisé dans les courants de la philosophie matérialiste. Il a notamment été Professeur de philosophie à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, où il a dirigé le Centre d'histoire des systèmes de pensée moderne de 1998 à 2013.

Jean Salem est le fils de Gilberte Serfati, professeur d’anglais et traductrice, et d’Henri Alleg, journaliste français, tous deux membres du PCF. Arrêté et sévèrement torturé par les parachutistes français, Henri Alleg est l’auteur de « La Question », un livre dénonçant la torture pendant la guerre d'Algérie.

  1. Epicure, Lettre à Ménécée, & 122
  2. Jean Salem Le bonheur, ou l’art d’être heureux par gros temps, p.252
  3. Joris-Karl Huysmans, A rebours [1884], Gallimard, 1977, p.361
  4. Jean Salem, op. cit., p.249
  5. Jean Salem, ibid., p.250
  6. Jean Salem, ibid., p.252
  7. Pablo Neruda, J’avoue que j’ai vécu, Gallimard, 1975, p.344
  8. Valère Staraselski, Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, L’Harmattan, 2024, 158 pp.

 

Publié en version courte sur Liberté Actus https://liberte-actus.fr/idees/article/le-bonheur-est-toujours-une-idee-neuve#header

 

 

Voir aussi sur Vendémiaire :

 

Le matérialisme de Marx. Par Jean SALEM

http://vendemiaire.over-blog.org/2024/10/le-materialisme-de-marx.par-jean-salem.html

 

 

 

 

 

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Chroniques des mers du Sud - Tome II, de Michel Humbert

Publié le 1 Septembre 2024 par Bernard Giusti dans Critiques, Ma bibliothèque

Chroniques des mers du Sud - Tome II, de Michel Humbert

Michel Humbert, qui réside aujourd’hui à Paris, a vécu pendant plusieurs décennies en Chine où il a créé avec sa femme Chantal trois Bibliothèques françaises et le Cercle francophone de Yantai, qui regroupe plusieurs milliers de francophiles. Il est Conseiller de la province du Shandong.

Amoureux de la langue française, Michel Humbert poursuit avec ce deuxième tome la publication de ses chroniques, recueils de courtes nouvelles (1) qui nous plongent au cœur de la vie quotidienne et de la culture chinoises, bien loin des clichés et des poncifs généralement véhiculés par les médias occidentaux.

Dans un style alerte au vocabulaire très riche et soigneusement choisi, Michel Humbert nous montre à quel point les activités quotidiennes sont imbriquées avec l’arrière-plan culturel de la société chinoise : contes, légendes, et la prégnance séculaire du merveilleux et du fantastique (2). Les fantômes et les apparitions, personnages presque incontournables de la littérature traditionnelle chinoise, n’y sont pas rares ! La porte est toujours ouverte à l’inexplicable, ou plutôt l’inexpliqué, et c’est sans doute pourquoi les nouvelles se terminent invariablement par une même interrogation malicieuse : « Qui sait ?

Par ses nouvelles, dont la lecture pourrait paraître simplement agréable et divertissante, Michel Humbert nous amène en réalité à jeter un autre regard sur la Chine, tant il est vrai qu’on ne saurait comprendre une société sans en appréhender la dimension de l’imaginaire qui la sous-tend.

 

Bernard Giusti

 

Michel Humbert, Chroniques des mers du Sud - Tome II, Ed. pacifica, 112 pp.

 

  1. Dont un certain nombre ont été publiées dans la revue semestrielle Chemins de Traverse.
  2. Ce que Robert Van Gulik avait notamment mis en avant dans ses romans historiques de la dynastie Tang.

 

Chroniques des mers du Sud - Tome II, de Michel Humbert
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"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine

Publié le 31 Août 2024 par Bernard Giusti dans Ma bibliothèque, Poésie, Critiques

"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine

Une poésie profonde et envoûtante

 

La poésie de Philippe Cantraine se lit comme on regarde une toile impressionniste, ensemble de petites touches d’ombres et de lumières, d’images et sensations réunies dans un seul cadre, la vie du poète.

De fait, avec ce recueil, Philippe Cantraine nous offre en partage un voyage existentiel, avec ses gouffres et ses écueils.

Gouffres ouverts par l’inéluctable fuite du temps :

Alors je pense je pense beaucoup trop

vite pour que les vies qui au sablier se concluent

Qu’aucune main jamais ne retournera plus Je pense

comme si j’allais filer éternellement ce temps

de Parques (1)

Ecueils à partager l’indicible de la plus intime conscience de l’être :

C’est dans mon cœur que je

parle

Je suis sans voix (2)

Succession d’instants, de sensations et d’émotions, la poésie de Philippe Cantraine s’étire au fil des pages semblable à un bruissement sourd dans le vacarme du monde.

 

La grande patience se niche dans l’attente de l’avenir, de l’instant d’après, de l’instant à venir, patience semblable à ce jeu dont les cartes se dévoilent une à une et qui ne prennent leur place et leur valeur qu’une fois retournées. Ainsi les rencontres, les expériences, les images et les instants se succèdent-ils comme autant de parenthèses temporelles qui prennent leur sens dans l’après-coup et ne trouvent leur cohérence que dans l’existence même du poète.

 

Le recueil s’achève par de courts textes en prose qui prolongent les poésies et d’une certaine façon les réactualisent en les insérant dans le déroulement plus général de la marche du monde.

Le dernier texte est consacré à Léon Tolstoï, qui a inspiré à Philippe Cantraine le titre de son recueil :

« Devant la grande patience, il y a Tolstoï tout entier. […] Je vieillis ces temps-ci, enseveli dans les pages. […] Au plus profond du fourmillement des mots, cette démêlée confuse à renouer… »(3)

 

Tolstoï dont on ne manquera pas de se rappeler la fameuse citation « Les deux guerriers les plus puissants sont la patience  et le temps. » qui correspond si bien au « combat » du poète engagé dans un questionnement incessant et assujetti à un manque irréductible :

C’est quand les mains

finalement maîtrisent les

pages que pour toujours

la braise d’un gouffre luit

au fond (4)

 

 

Bernard Giusti

          

Devant la grande patience, Philippe Cantraine, poèmes, Ed. Caractères 2024, 96 pp.

 

  1. P.13
  2. P.15
  3. P.87
  4. P.32

 

Publié sur Fle et cultures francophones

Publié sur http://assocloursblanc.over-blog.com/2024/08/devant-la-grande-patience-de-notre-urside-philippe-cantraine.html

"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine
"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine
"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine
"Devant la grande patience" de Philippe Cantraine
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"Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon" de Valère Staraselski

Publié le 15 Août 2024 par Bernard Giusti dans Articles, Ma bibliothèque, Critiques, Articles politiques et syndicaux

"Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon" de Valère Staraselski

L’ouvrage de Valère Staraselski est une chronique constituée d’articles écrits par l’auteur au fil des années et publiés dans différents médias.

Journaliste, écrivain, intellectuel engagé, Valère Staraselski y aborde tous les grands sujets auxquels nous sommes confrontés dans nos sociétés depuis des décennies (tant il est vrai que la lutte des classes est sur tous les fronts) et y traite donc des champs du politique, du syndical,  du culturel, du sociétal ou de l’écologie. Loin des prises de position purement théoriques ou dictées par les émotions du moment, loin des poses de salon, Valère Staraselski s’appuie essentiellement sur le quotidien, la matière brute de la réalité pour construire pas à pas une réflexion analytique qui, sur le fond, répond à deux grandes lignes directrices : l’Histoire et la lutte des classes.

Avec  cette approche de la politique par Valère Staraselski nous voilà donc très loin de la détestable moralisation de la politique, qui s’est si bien développée aux USA sous l’impulsion des églises, avant de conquérir tout l’Occident sous couvert d’humanisme pour le plus grand profit du capitalisme. En effet, lorsqu’on réduit les problématiques politiques à des notions aussi fluctuantes que celles du Bien et du Mal, on ne fait que réduire les faits sociaux à des antagonismes manichéens, et surtout – c’est bien là le but de la manœuvre - on fait évidemment l’économie de l’analyse causale des évènements en évacuant allègrement du champ de la réflexion toute dialectique historique.

En prenant résolument le contre-pied de cette vision idéaliste – et, disons-le, parfois réactionnaire – si partagée aujourd’hui dans les milieux de la « gôche », Valère Staraselski offre à tout militant se réclamant du communisme et/ou du syndicalisme un précieux guide de réflexion et un repère essentiel pour guider l’action quotidienne.

 

Mais évidemment il ne saurait y avoir de réflexion ou d’action réellement fécondes sans situer les problématiques locales ou nationales dans un contexte général historique et mondial, et pour un communiste sans penser les transformations et les héritages du communisme. Aussi Valère Staraselski consacre-t-il tout un chapitre à une présentation de l’œuvre d’un penseur majeur du communisme actuel, Domenico Losurdo. Ce chapitre, tout théorique puisse-t-il paraître, est en fait indispensable en ce qu’il redonne à l’action militante son sens et sa place réels. En dehors de l’intérêt évident qu’on portera à la lecture de ce chapitre, il nous rappelle surtout que la théorie est en quelque sorte « l’ossature » de l’action, à condition que la théorie soit sans cesse confrontée, comme l’avait rappelé Lénine, à l’épreuve des faits. Car comme me le disait souvent un de mes professeurs, réfugié argentin sous Videla car juif et communiste : la théorie, c’est de la pratique.

 

Bernard Giusti

 

Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, Valère Staraselski, L'Harmattan, 17 euros

 

Publié sur Liberté Actus https://liberte-actus.fr/idees/article/apres-la-lecture-du-dernier-livre-de-valere-staraselski#header

Publié sur Vendémiaire http://vendemiaire.over-blog.org/2024/08/loin-tres-loin-de-jean-luc-melenchon-de-valere-staraselski-par-bernard-giusti.html

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Hommage à u ami : Leny Escudero, El paso del Ebro

Publié le 19 Juillet 2024 par Bernard Giusti dans Chansons, Sur la route..., Histoire

Hommage à u ami : Leny Escudero, El paso del Ebro

Hier 18 juillet 1936 débutait la guerre d'Espagne.

J'ai choisi ce chant célèbre interprété ici par Leny Escudero, compagnon de route dont, grâce à Franca Maï,  j'avais fait la connaissance chez lui, lorsqu'il  m'avait demandé de l'aider  en tant qu'anthropologue dans la rédaction d'un de ses livres en préparation. Un hommage pour ce grand militant et homme de cœur.

 

https://youtu.be/NgQOkPE0rTI

 

 

 

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Rapport de Politique Générale – CE CGT Cochin du 23 mai 2024

Publié le 30 Mai 2024 par Bernard Giusti dans bernardgiusti, Articles politiques et syndicaux

Rapport de Politique Générale – CE CGT Cochin du 23 mai 2024

Chers camarades,

Comme vous le savez, nous vivons une période historique où les équilibres mondiaux se transforment très rapidement. Cette période historique apparaît avant tout marquée par les guerres et la violence, guerres entre états bien sûr, mais aussi par la montée en puissance des guerres sociales orchestrées contre le prolétariat. La disparition de l’URSS a permis aux forces les plus réactionnaires et antisociales de s’en donner à cœur joie (et nous le constatons particulièrement bien aujourd’hui en Europe), car ce pays jouait bien sûr un rôle d’équilibre des forces militaires, mais aussi contrebalançait les visées de la bourgeoisie à l’encontre des travailleurs du monde entier. L’URSS disparue, la bourgeoisie occidentale s’est crue les mains libres et, fidèle à l’essence même du capitalisme, s’est lancée dans une conquête tous azimuts de nouveaux marchés avec les méthodes violentes et agressives coutumières de l’Occident (c.-à-d. Amérique du Nord et Europe) : pillages des ressources, conquêtes militaires et mainmise sur les Etats et les peuples.

C’est dans cette optique que l’Occident et ses alliés ont décidé de s’attaquer à la Russie dans un premier temps, à la Chine dans un second temps, notamment en encerclant la Russie avec des pays adhérant à l’OTAN.

 

Ukraine et BRICS : L’Ukraine, pays corrompu et gangréné par les néo-nazis a joué le rôle de déclencheur dans cette stratégie occidentale d'agression hégémonique. Sur le terrain, l’Occident est en train de perdre sa guerre contre la Russie. Notamment parce que Poutine a pris soin, avant même le déclenchement de la guerre, d’assurer ses arrières en établissant une alliance stratégique essentiellement économique et logistique avec la Chine. Face à cette situation, plutôt que d’ouvrir des négociations de paix, l’Occident répond par une exacerbation des menaces militaires. Alors que les économies occidentales (principalement celles de l’Europe qui ont supporté le coût de cette guerre pour le compte des USA) épuisent leurs peuples, l’économie russe est aujourd’hui en expansion.

Ce résultat est notamment dû à la mise en place par la Chine et la Russie des BRICS, alliance économique de différents pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran) dont la volonté affichée est de s’affranchir de l’hégémonie occidentale et de l’emprise du dollar et de jouer un rôle géopolitique majeur. Avec les BRICS, l’Occident apparaît aujourd’hui des plus en plus isolé.

 

Gaza : Dans  sa stratégie d’expansion et de conservation de son hégémonie, la bourgeoisie occidentale a notamment favorisé partout où elle le pouvait ses alliés naturels, extrême droite et néo-nazis. C’est ce qu’elle fait aujourd’hui en Europe, et c’est ce qu’elle fait en Israël, dirigé par des fascistes religieux juifs qui perpétuent un génocide contre le peuple palestinien, sous prétexte de se défendre des fascistes musulmans du Hamas. Certes, la spoliation des terres palestiniennes au motif religieux du « Grand Israël » ne date pas d’aujourd’hui, mais le déclenchement de la guerre génocidaire à Gaza est en relation directe avec l’expansion des BRICS et la perte d’influence de l’Occident au Moyen-Orient. L’Occident avait besoin de reprendre la main dans cette région géostratégique, notamment après l’éloignement de pays arabes au profit des BRICS. Cet éloignement de pays arabes traditionnellement considérés comme des alliés fidèles de l’Occident est la conséquence des sanctions prises contre la Russie, avec le gel puis la spoliation des avoirs russes en dollars : les pays arabes producteurs de pétrole ont compris que ce que l’on faisait à la Russie, on pouvait le leur faire aussi du jour au lendemain, d’où la nécessité pour eux de reconsidérer leurs alliances. Dans la logique occidentale, Israël est une base avancée pour faire pression sur les pays du Moyen-Orient et il faut donc renforcer Israël quitte à faire disparaître le peuple palestinien.

 

Isolement de l’Occident : La stratégie agressive et coloniale de  la bourgeoisie occidentale (agressions militaires, pillages et spoliation économique, mépris des peuples et des souverainetés nationales, etc.) conduit à un isolement politique et économique croissant de l’Occident dans le monde, la plupart des pays ayant pris leurs distances, d’autant que la stratégie déployée par la Chine et la Russie au travers des BRICS est inverse.

 

Nouvelle-Calédonie : La politique coloniale (ou néocoloniale, c’est pareil) de la bourgeoisie a conduit en France aux révoltes de Nouvelle-Calédonie. A la CGT nous soutenons évidemment la lutte du peuple kanak. Il faut aussi que nous ayons conscience qu’avec la perte d’influence de l’Occident et la montée en puissance des BRICS il y a fort à parier que les luttes anticoloniales vont se renforcer et se développer. Pour la France je pense évidemment aux DOM-TOM, où des luttes douloureuses ont déjà eu lieu et sont restées ancrées dans la mémoire collective. D’autant que c’est aussi dans les DOM-TOM que l’on trouve les taux de chômage les plus élevés, fruits de l’exploitation capitaliste.

 

Elections européennes : Les élections dans l’Union Européenne vont se dérouler dans un contexte d’appauvrissement généralisé des peuples et, nous l’avons vu, de montée en puissance des forces les plus réactionnaires et antisociales. A la CGT Cochin nous sommes opposés à cette UE libérale, conçue et organisée par la bourgeoisie comme une véritable machine de guerre contre les travailleurs. Pour nous il y a nécessité que la France quitte cette UE libérale. Néanmoins, ces élections vont avoir lieu et auront un impact sur les forces politiques en France, aussi participerons-nous au vote. Il est bien sûr hors de question de voter pour des formations politiques hostiles aux travailleurs et alliées de la bourgeoisie, donc ni l’extrême droite (Bardella), ni la droite ou le centre, ni les sociaux-démocrates (Glucksmann) anticommunistes et qui chaque fois qu’ils ont été au pouvoir ont trahi les travailleurs. Nous avons donc décidé, Aglawen [1] et moi [2], de soutenir la liste du seul candidat ancré dans le monde du travail, Léon Deffontaines.

 

Bernard Giusti

1 - Aglawen Vega, Secrétaire Générale CGT Cochin

2 -Bernard Giusti, ancien Secrétaire Général CGT Cochin

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La rébellion française - Jean Nicolas

Publié le 9 Mai 2024 par Bernard Giusti dans Histoire, Critiques, Ma bibliothèque

La rébellion française - Jean Nicolas

Les "gilets jaunes" avant la Révolution. Les « vilains » se rebellaient contre la vie chère, les taxes et les impôts, etc., mais aussi contre les injustices sociales, le mépris des puissants à leur encontre, la brutalité de la répression royale… Toute société est toujours en mouvement. « L’immobilité sociale » est le fantasme de la bourgeoisie. « Toutes choses sont engendrées par la discorde » disait Héraclite : les dysfonctionnements et la rébellion sont des moteurs de l’évolution sociale.

BG

La rébellion française - Jean Nicolas
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"À la feuille de rose, maison turque" pièce de théâtre de Guy de Maupassant

Publié le 20 Avril 2024 par Bernard Giusti dans Ma bibliothèque, Critiques, Théâtre

"À la feuille de rose, maison turque" pièce de théâtre de Guy de Maupassant

Je suis tombé par hasard parmi d’autres livres d’occasion sur une pièce de Guy de Maupassant. « Tiens, me dis-je j’ignorais que Maupassant avait écrit des pièces. » J’achète donc le livre et me rend compte qu’il s‘agit d’une pièce présentée comme « érotique » Mais rien d’érotique, plutôt une farce très crue écrite dans un langage de potache et de carabin. Cela aurait pu être drôle mais c’était affligeant… Déception de découvrir que cet auteur, si profond dans ses analyses psychologiques, avait pu commettre une telle pièce. Mais comme je ne condamne jamais sans essayer de comprendre  j’ai fouillé un peu : voici ce que j’ai glané sur Wikipédia :

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À la feuille de rose, maison turque est une pièce de théâtre de Guy de Maupassant créée en 1875, et non destinée à la publication de son vivant. Elle fut publiée en 1945 […]

Résumé

À la feuille de rose, maison turque se déroule dans une maison close. Pour rouler un couple (Monsieur et Madame Beauflanquet) de bourgeois rouennais, le lieu est transformé en hôtel hébergeant un harem turc. Madame va alors découvrir des plaisirs variés, car à Paris, tout paraît relever du plus fol exotisme pour ces bourgeois normands. Ce jeune couple qui s'imagine passer sa nuit de noces dans un hôtel se trouve en fait dans un lupanar de la pire espèce. Le maître des lieux fait croire que les femmes qui défilent dans le salon sont les femmes des ambassadeurs de Turquie… Commence une nuit de débauche.

Origine du titre

Une « feuille de rose » est l'expression populaire et imagée désignant un anulingus (L'anus étant la « rose des vents »)

Premières représentations

Cette pièce est représentée une première fois le 19 avril 1875 par Robert Pinchon - compagnon de canotage - et Guy de Maupassant, dans l'atelier de Maurice Leloir, quai Voltaire. C'est une farce de rapins et un hommage appuyé à la maison de Zoraïde Turc, bordel convivial de L'Éducation sentimentale. Flaubert et Ivan Tourgueniev assistent à cette première ; ils en ont réglé les répétitions. Les rôles sont tenus par des hommes. Maupassant joue le rôle d'une fille de joie et Octave Mirbeau joue le rôle du mari. Les invitations s'adressent aux « hommes au-dessus de vingt ans et aux femmes préalablement déflorées ».

Le 31 mai 1877, dans l'atelier du peintre Becker, dans le VIe arrondissement, rue de Fleurus, en présence de Gustave Flaubert, toujours, d'Edmond de Goncourt, Zola, Paul Alexis, Léon Hennique, Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Antoine Guillemet et Tourgueniev (la princesse Mathilde voulait venir à tout prix, masquée... L'ermite de Croisset l'en dissuada), Maupassant et ses amis organisent une seconde représentation de la pièce.

Edmond de Goncourt raconte dans son Journal à la date du jeudi 31 mai 1877 :

    «  Ce soir dans un atelier de la rue de Fleurus, le jeune Maupassant fait représenter une pièce obscène de sa composition, intitulée FEUILLE DE ROSE et joué par lui et ses amis. C'est lugubre, ces jeunes hommes travestis en femmes, avec la peinture sur leurs maillots d'un large sexe entrebâillé ; et je ne sais quelle répulsion vous vient involontairement pour ces comédiens s'attouchant et faisant entre eux le simulacre de la gymnastique d'amour. L'ouverture de la pièce, c'est un jeune séminariste qui lave des capotes. Il y a au milieu une danse d'almées sous l'érection d'un phallus monumental et la pièce se termine par une branlade presque nature. Je me demandais de quelle absence de pudeur naturelle il fallait être doué pour mimer cela devant un public, tout en m'efforçant de dissimuler mon dégoût, qui aurait pu paraître singulier de la part de l'auteur de LA FILLE ELISA. Le monstrueux, c'est que le père de l'auteur, le père de Maupassant, assistait à la représentation. Cinq ou six femmes, entre autres la blonde Valtesse, se trouvaient là, mais riant du bout des lèvres par contenance, mais gênées par la trop grande ordure de la chose. Lagier elle-même ne restait pas jusqu'à la fin de la représentation. Le lendemain, Flaubert, parlant de la représentation avec enthousiasme, trouvait, pour la caractériser, la phrase : « Oui, c'est très frais ! » Frais pour cette salauderie, c'est vraiment une trouvaille.  »

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Je vais garder cette pièce dans ma bibliothèque, en tant que curiosité d’une part, mais aussi comme témoignage historique des lectures en petit comité. Si cette pratique a aujourd’hui quasiment disparu, il était de coutume à l'époque, dans les milieux littéraires, que les écrivains réservent la primeur de leurs œuvres à un petit cercle de leurs amis et les confrontent à leur critique. Maupassant a-t-il renoncé à la publication de sa pièce suite à l’accueil pour le moins négatif de ses amis ? Ou bien n'en a-t-il jamais eu l'intention ? Et puis peut-être était-ce la mise en pratique du principe que "l’œuvre doit choquer", faire sortir le spectateur, ou en l’occurrence le lecteur de sa "zone de confort". Quoi qu'il en soit, il y avait là de quoi "choquer le bourgeois". Mais l'art de l'érotisme est des plus difficile, car la marge de manœuvre entre la mièvrerie et la pornographie est très mince.

 

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